[ en descendant le fleuve. flussabwärts ]

Juli 19th, 2024

 

alors que nous descendions le fleuve, nous

avons parlé de la distance qui sépare cette
réalité-là de ce pour quoi nous nous sommes
battus toute notre vie. ce dont nous avons
rêvé. et bien que nous ne nous soyons pas
vus depuis de nombreuses années, j’ai
l’impression que c’était hier. il n’y a aucun
doute que nous continuons à nous battre

 
—–
 

wir redeten darüber, während wir den fluss
hinunterfuhren, wie weit die wirklichkeit
da draussen sich doch von dem entfernt
hat, wofür wir unser leben lang gekämpft
haben. wovon wir träumten. und obwohl
wir uns viele jahre nicht gesehen haben
ist mir, als sei es gestern gewesen. keine
frage, dass wir natürlich weiter kämpfen

 

aufnahme: susanne bernet © 2024
tournus, 18. juli 2024
 
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[ on s’y habitue. man gewöhnt sich dran ]

Juni 16th, 2024

 

une vie dans la nuit et une deuxième, frères et
sœurs, mais lointains, mais étrangers, mais pleins
d’amitié, peux dire maintenant d’amour. ‚oui‘, dis-tu

‚mais pas pour le moment.‘ et j’attends, habitué

à attendre, comme on s’habitue à la douleur
persistante, à l’idée d’un univers parallèle
et à l’éternité. on s’y habitue, c’est tout

 
—–
 

ein leben in der nacht und ein zweites, bruder
und schwester, doch fern, doch fremd, doch voll
freundschaft, kann nun sagen liebe. ‚ja‘, sagst du

‚allerdings nicht im moment.‘ und ich warte, zu

warten gewohnt, wie man sich an den schmerz
gewöhnt, an die idee eines paralleluniversums
und an ewigkeit. man gewöhnt sich halt dran

 

scan: widmung von / dédicace de matthias sturm
lyon, 07. juni 2024
 
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copyrights: „all beauty must die“, matthias sturm © 2022

[ le calme après. die stille danach ]

Mai 2nd, 2024

 

de mon coin derrière l’orgue, je suis les
interactions musicales plus ou moins

réussies avec un sentiment rassurant de

distance. plus tard, je refuse une invitation

à boire (« merci pour la musique ») sans

regret. je ne suis juste que le chauffeur ici

 
—–
 

in meiner ecke hinter der orgel verfolge ich
das musikalische mit- und gegeneinander
im beruhigenden gefühl der distanz. die
einladung zu einem getränk („danke für
die musik“) lehne ich später ohne bedauern
ab. ich bin hier wirklich nur noch der fahrer

 

foto: le calme après
die stille danach
la caverne à jazz
marseille, 30. april 2024
 
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[ le calme avant. die stille davor ]

Mai 1st, 2024

 

baissez le son un peu, les deux souffleurs
disent à l’homme à l’orgue et à l’homme à
la batterie et à l’homme à la guitare lors

du soundcheck. après le début du concert
leur demande est oubliée. des bouchons
d’oreilles épais me font tout endurer

 
—–
 

macht mal leiser, sagen die beiden bläser
zum mann an der orgel und zum mann am

schlagzeug und zum mann an der gitarre
während des soundchecks. als das konzert
beginnt, ist die ermahnung vergessen. nur

dicke ohrenstöpsel lassen mich durchhalten

 

foto: le calme avant
die stille davor
la caverne à jazz
marseille, 30. april 2024
 
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[ puis le soleil se couche. dann geht die sonne unter ]

Februar 24th, 2024

 


une brise, une vague, le ressac, déferler, une
vague roule contre la rive, une autre, enfin
oser quelque chose, maintenant, plonger et
remonter à la surface. le soleil se couche

 
—–
 

eine brise, eine woge, brandung, gegen etwas
anbranden, eine welle rollt gegen das ufer, eine
weitere, endlich etwas wagen, jetzt, eintauchen
und wieder auftauchen. die sonne geht unter

 

foto: puis le soleil se couche
dann geht die sonne unter
sapois, 24. februar 2024
 
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[ partout la guerre (II). überall ist krieg (II) ]

Februar 18th, 2024

 

„survécu?“

„oui. mais aussi cette nuit en portions. entre autres
des rêves de guerre. et d’amis et de chevaux et de
musique et de poésie. l’habituel, donc. réveillé en
pensant: les douleurs sont supportables, aujourd’hui“

 
—–
 

„überlebt?“

„ja. auch diese nacht in portionen. unter anderem
träume von krieg. und freunden und pferden und
musik und lyrik. das übliche also. aufgewacht mit
dem gedanken: die schmerzen sind erträglich heute“

 

foto: partout la guerre (II)
überall ist krieg (II)
sapois, 18. februar 2024
 
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[ the loneliness of the long distance runner ]

Februar 10th, 2024

 

avancer, enfin. échanger le bruit de la
pluie contre le bruit de la mer. rester
fidèle à ses rêves. fidèle aux idéaux, à
soi-même et – entre-temps, je suis sûr
que tu ne le comprendras jamais – à
toi. toujours étrange dans un monde
si différent, ça te rend un peu solitaire
… c’est la solitude du coureur de fond

 
—–
 

es geht weiter. endlich. das rauschen des
regens eintauschen gegen das rauschen
des meeres. den träumen treu bleiben. treu
den idealen, mir selbst und – inzwischen bin
ich sicher, dass du es nie verstehen kannst –
auch dir. immer fremd in einer so anderen
welt, das macht schon ein wenig einsam
… die einsamkeit des langstreckenläufers

 

foto: the loneliness of the long distance runner
col de sapois, 20. dezember 2023
 
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[ à travers la nuit (II). durch die nacht (II) ]

Dezember 10th, 2023

 

je prends cette saison comme

une insulte personnelle, dis-je

en balayant un gros bloc de

neige sous ma voiture. puis je

remonte le col comme chaque

soir, et je descends vers cet

horizon d’eau brûlante, ma

mer d’âme, pour y échapper
 à
l’ardeur de mes vieux espoirs, là
en bas, enfin, un jour ou l’autre

 
—–
 

diese jahreszeit nehme ich als eine
persönliche beleidigung, sage ich
trete einen dicken klumpen schnee
unter meinem auto weg. und dann
fahre ich wieder den bergpass wie

an jedem abend hinauf und hinab

diesem horizont brennenden wassers
entgegen, meinem seelenmeer, der
glut alter hoffnungen zu entfliehen

dort unten, endlich, irgendwann

 

foto: à travers la nuit (II)
durch die nacht (II)
col de sapois, 29. november 2023
 
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[ ce qu’on trouve. was man findet ]

Dezember 9th, 2023

 

 


aux yeux grand ouverts
ouverts et prêts
un nouveau monde se
montre au bord du chemin


 
—–
 

sind deine augen weit
weit offen und bereit
zeigt sich am rand des
weges eine neue welt



 

foto: ce qu’on trouve
was man findet
kichompré, 07. dezember 2023
 
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[ avant le gel. vor dem frost ]

Dezember 3rd, 2023

 

quand les nuées sont abaissés et quand les
touristes sont enfin chassés pour quelques
jours, le lac se montre calme, gris et épuisé

ils reviendront sur ses rives blessées dans
une gaieté colorée et bruyante, et à la fin ils
emportent les couleurs étrangères avec eux

 
—–
 

sind endlich die wolken herabgesunken und die
touristen für wenige tage vertrieben, dann zeigt
der see sich reglos und grau und aufgebraucht

sie werden an seine wunden ufer zurückkehren
in bunt lärmender fröhlichkeit und am ende
die fremden farben wieder mit sich fortnehmen

 

foto: avant le gel
vor dem frost
lac de gérardmer, 01. dezember 2023
 
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[ les ruines de sapois. die ruinen von sapois ]

November 19th, 2023

 

 

„le danger guette au rdc: gardez
la distance, svp, j’ai la grippe!“

„on s’en est douté, on t’a entendu
tousser ce matin. on a pensé que
tu étais descendu voir le médecin“

„au cas où j’ai toussé définitivement
dans les prochaines jours, j’aimerais
bien être enterré dans mon vieux bus. on
peut sûrement trouver une cachette dans
les ruines de l’usine. il y a tellllement
des vielles ferrailles … mais je crains
d’être trop maigre pour votre compost!“

 
—–
 

„die gefahr lauert im erdgeschoss: haltet
bitte abstand, ich hab die grippe gekriegt!“

„wir hatten schon sowas vermutet, haben
dich heute morgen husten gehört und uns
gedacht, dass du zum arzt gefahren bist.“

„für den fall, dass ich in den nächsten tagen
endgültig ausgehustet habe, würde ich gern in
meinem alten bus beerdigt werden. sicher kann
man in den ruinen der fabrik dafür ein versteck
finden. es gibt dort sooo viel alten schrott … ich
fürchte, für euren kompost bin ich zu mager!“

 

foto: dans les ruines de sapois
in den ruinen von sapois
sapois, 29. oktober 2023
 
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[ à travers la nuit. durch die nacht ]

November 12th, 2023

 

derrière le col, le chariot roule constamment
en descente, quelques virages, doucement
à droite, plus serré à gauche, à partir d’ici
tout droit, de plus en plus vite. pluie noire, les
yeux des animaux brillent dans l’obscurité, la
route est comme découpée. des histoires dans
la tête. et de la musique, comme toujours. is
there anybody out there?
anybody out there?  °

 
—–
 

hinter’m col rollt der wagen stetig bergab, ein
paar biegungen, sanft nach rechts, danach
schärfer links, ab hier geradeaus, dann immer
schneller. schwarzer regen, tieraugen leuchten
im dunkeln, herausgeschnitten ist der weg. im
kopf geschichten. und musik, wie immer. is
there anybody out there?
anybody out there?  °

 

foto: à travers la nuit
durch die nacht
unterhalb des col de sapois, 10. november 2023
 
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° source externe/externe quelle: „is there anybody out there“
pink floyd ℗ 1979

[ en bas sur la plage. unten am strand ]

Oktober 6th, 2023

 

mon monde est en eau, est en pierre. chaque
question soulève une vague. depuis toujours
la mer frappe les falaises et les fait tomber

pourquoi je parle deux langues, demande-t-il
et il grimpe sur mes genoux, en me regardant
avec un regard de sagesse de ses cinq ans

il y a des moments qui creusent des sillons
dans mon champ, soulèvent des mottes, les
brisent. ça aussi, oui, apporte du changement

 
—–
 

meine welt ist wasser, ist stein. jede frage
wirft eine welle auf. ewig schon schlägt
das meer gegen den fels, bringt ihn zu fall

warum ich zwei sprachen spreche, fragt
er, klettert auf meinen schoss und schaut
mit dem blick der weisheit seiner fünf jahre

es gibt momente, die graben furchen tief in
meinen acker, heben schollen an, brechen
sie um. das, ja, auch das bringt veränderung

 

foto: en bas sur la plage
unten am strand
le pradet, 06. oktober 2023
 
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[ souvenir du chant d’un merle. erinnerung an den gesang einer amsel ]

September 2nd, 2023

 

 

sous mon crâne, les eaux se précipitent
dans la vallée. même dans les moments
les plus calmes, dans les nuits bleus et
noirs, dans les moments électriques où
les éclairs se déchaînent sur les cimes
des arbres vers le haut, même alors

le souvenir du chant d’un merle
au début de ce matin tôt

c’est ce son et mon sentiment
d’une perte irréparable qui résonne
en moi. c’est une mélodie, c’est
un écho sans fin, une vague, une
onde qui se brise sans cesse

sois prudent, lui dis-je en rêve
sois économe de ta force
tu en auras encore besoin

 
—–
 

unter meiner schädeldecke stürzen die
wasser ins tal. selbst in den stillsten
momenten, in den blauschwarzen
nächten, in den elektrischen, wenn
blitze übermütig auf den wipfeln der
bäume bergan springen, selbst dann

die erinnerung an den gesang einer
amsel am beginn jenes frühen morgens

es ist dieser klang und mein gefühl
unwiederbringlichen verlustes, die in
mir nachschwingen, eine melodie, ein
endloses echo, eine welle, eine sich
unablässige neu brechende woge

sei vorsichtig, sage ich im traum
zu ihr, geh sparsam um mit deiner
kraft, du wirst sie noch brauchen

 

foto: le souvenir du chant d’un merle
die erinnerung an den gesang einer amsel
sapois, 24. august 2023
 
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[ pays étranger. fremdes land ]

August 13th, 2023

 

 

je m’éveille dans une vie inachevée, une
œuvre inachevée, un amour inachevé. nous
avons voulu être des gens biens; dominés
par des idéaux, nous avons échoué dans
nos doutes. pourrai-je les pardonner, à
toi et à moi, jamais, les rêves inassouvis?

 
—–
 

ich erwache in ein unvollendetes leben, in
ein unvollendetes werk, in eine unvollendete
liebe. gute menschen wollten wir sein, von
fremden idealen beherrscht, scheiternd an
unseren zweifeln. werde ich sie je verzeihen
können, dir und mir, die unerfüllten träume?

 

foto: un matin d’été
an einem sommermorgen
quelque part sur la route, en été ’23
irgendwo unterwegs, im sommer ’23
 
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[ les conneries de certains jours et nuits ]

Juni 27th, 2023

 

 

une erreur s’est glissée dans la liste, donc j’appelle
le mauvais numéro. un pas dans le passé, un pas
en arrière. le jour, les choses sont plus petites et
plus claires. mais comme peu changées …? tu
me trouveras ici, dis-je. j’aurais aimé dire. dans
la nuit, mon cœur sait tout mieux. mais le jour …

 
—–
 

ein fehler hat sich in meine liste geschlichen, da
rufe ich die falsche nummer an. ein schritt in die
vergangenheit, ein schritt zurück. am tage sind die
dinge kleiner. klarer. und wie wenig verändert …? du
findest mich hier, sag ich. hätte ich gern gesagt. in
der nacht weiss mein herz alles besser. aber am tag …

 

foto: par example, les conneries de cette nuit-là
zum beispiel der blödsinn dieser einen nacht
(danke, rade!)
vogt, 16. juni 2023
 
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[ si la famille peut te ramener chez toi … wenn die familie dich nachhause bringen darf … ]

April 2nd, 2023

 

 

et puis il y a l’appel que tout est
fini. mon compagnon poilu, le
copain, l’enfant, il est mort. la fin
d’une époque, c’est donc atteint

jamais, il ne galopera sur des prés
arc-en-ciel, mais pendant les nuits, il
rencontra tous mes amours caché

entre tristesse et soulagement, je
tourne mon attention vers les vieux
amis et je me réjouis de les voir
changer leurs propres vies ou pas

 
—–
 

und dann kommt der Anruf, es sei
vorbei. mein wolliger gefährte, der
kumpel, das kind ist gestorben. da
ist das ende einer zeit also erreicht

er wird nie über regenbogenweiden
galoppieren, aber nachts, da trifft
er all meine verborgenen lieben

zwischen trauer und erleichterung
wende ich den blick meinen alten
freunden zu, freue mich daran, wie
sie ihr leben ändern oder auch nicht

 

foto: … tu sais à nouveau où c’est
… dann weisst du wieder, wo das ist
le pradet, 23. februar 2023
 
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[ syndrome de stockholm 2023 ou le mythe de la liberté et de l’amour. stockholm-syndrom 2023 oder der mythos von freiheit und liebe ]

März 19th, 2023

comme beaucoup d’anciens habitants de la
rda, l’un de mes amis les plus proches a
vécu son enfance et sa jeunesse là-bas de
manière plus heureuse et avec un sentiment
de sécurité sociale plus fort que ce que lui
offre aujourd’hui sa réalité de vie dans des
conditions précaires dans cette allemagne
réunifiée. après l’effondrement plutôt
surprenant de la dictature de la rda et de son
mensonge du socialisme réel et éternel, les
personnes libérées se sont laissées aller
aux tentations de l’ancien ennemi, dans
l’espoir fou d’un meilleur avenir … et ont
été violés ; bien sûr, le capitalisme use
et abuse sans retenue. ceux qui s’en sont
enrichis ont écrit la magnifique histoire de
la réunification réussie, pas ceux qui on
donné. ceux-là mêmes qui aujourd’hui
se languissent de leurs passés perdus

être tombé de la pluie dans le caniveau
est un pressentiment trop grave pour que
beaucoup n’aient plus le courage de faire
ce pas supplémentaire nécessaire. quatre
décennies de bonheur ne peuvent tout de
même pas être une putain d’illusion ?

à peine arrivé en france, des comparaisons
se sont imposées à moi : les bâtiments, le
comportement général, partout des frontières
et une violence flagrante. si je qualifie la
france d’aujourd’hui de „rda2.0“, il y a plus
d’amertume que de plaisir derrière. hélas

le terme „syndrome de stockholm“ désigne
une attention émotionnelle qu’une victime
porte à son bourreau. j’ai moi-même vécu
ce phénomène dans des relations intimes. et
communément, on l’appelle „amour“. mais
c’est une autre histoire de fous

 
—–
 

wie viele ehemalige ddr-bewohner hat einer
meiner engsten freunde seine kindheit und
jugend in der ddr glücklicher und mit einem
stärkeren gefühl der sozialen sicherheit
erlebt, als ihm seine lebenswirklichkeit
unter prekären verhältnissen heute im
wiedervereinigten deutschland bietet. nach
dem die ddr-diktatur und seine lüge vom
real und ewig existierenden sozialismus
ziemlich überraschend zusammengebrochen
waren, gaben sich die freigelassenen den
verlockungen des ehemaligen feindes hin, in
irrer hoffnung auf bessere zukunft … und
kriegten eine vergewaltigung. kapitalismus
ge- und missbraucht ohne hemmung. die
wundersame geschichte der gelungenen
wiedervereinigung wurde geschrieben von
jenen, die sich daran bereicherten, nicht
von denen, die dafür gegeben hatten. den
gleichen, die sich heute wieder in ihre
verlorenen vergangenheiten zurücksehnen

vom regen in die traufe gestossen worden
zu sein, ist vielen eine allzu schlimme
ahnung, als dass ihnen der mut reichte für
den einen weiter notwendigen schritt. vier
jahrzehnte im glück können doch nicht nur
beschissene selbsttäuschung gewesen sein?

kaum in frankreich angekommen, drängten
sich mir vergleiche auf: die gebäude, das
allgemeine gebaren, überall grenzen und
krasse gewalt. bezeichne ich daher das
heutige frankreich als „ddr2.0“, steckt viel
mehr bitterkeit dahinter als spass. leider

der begriff „stockholm-syndrom“ steht für
die emotionale hinwendung eines opfers an
seinen peiniger. ich habe dieses phämomen
auch in intimen beziehungen erlebt. dann
wird es gemeinhin „liebe“ genannt. aber
das ist eine andere, verrückte geschichte

 

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[ deux sur la rivière jaune. zwei am gelben fluss ]

Februar 5th, 2023

 

 

nous nous donnâmes des noms
de fleurs, nous plantâmes des
arbres de brume dans le sol, il
y avait une rivière jaune devant

nous qui se déversait jusqu’à
l’horizon, une mer de lumière

autour de nous était un
nouveau jour, chaud et vaste
et comme la rivière jaune sans
commencement, sans fin

 
—–

 

da gaben wir uns namen
wie blumen, da pflanzten wir
nebelbäume in den grund
da war vor uns ein gelber

fluss, der sich hingoss bis
zum horizont, meer aus licht

um uns war ein neuer
tag, warm und weit und
gleich dem gelben fluss ohne
anfang, ohne ein ende

 

foto: deux sur la rivière jaune
zwei am gelben fluss
col de sapois, 01. februar 2023
 
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[ les couleurs d’un matin tout à fait normal ]

Januar 28th, 2023

 

 

derrière le premier virage après la hauteur du
col, il y avait un renard sur la route. des arbres à
droite et à gauche, la route étroite recouverte de
verglas, de la neige soufflée au bord. au milieu de
la trace le renard, du sang dans une mare noire
autours de sa tête. quelques instants plus tard
j’étais passé, le prochain virage à gauche, en
decendant du petit bois dans la précipitation

du matin. j’ai l’image d’un renard qui, il y a
des années, était assis au bord d’une route, la
nuit, dans la lumière crue de mes phares, sans
bouger, regardant son compagnon mort. et
quelques instants plus tard, j’étais passé. son
attente n’a jamais trouvé de fin, reste dans
mes mémoires comme les couleurs fluo de
cette nuit, comme mon deuil de son inutilité

 
—–
 

hinter der ersten kurve nach der passhöhe lag
ein fuchs auf der strasse. rechts und links
bäume, die schmale strasse überzogen von
eis, am rand hingewehter schnee. mitten in der
spur der fuchs, blut in einer schwarzen lache
um seinen kopf. augenblicke später war ich
vorbei, die nächste kurve nach links, bergab
aus dem wäldchen heraus, in morgendlicher

eile. ich habe das bild eines fuchses vor augen
der vor jahren nachts am rand einer strasse sass
im schneidenden licht meiner scheinwerfer, ohne
eine bewegung sass er da und schaute auf seinen
getöteten gefährten. augenblicke später war ich
vorbei. sein warten hat nie geendet, bleibt in
meiner erinnerung wie die neonfarben dieser
nacht, wie meine trauer über seine vergeblichkeit

 

foto: les couleurs d’un matin tout à fait normal
die farben eines ganz normalen morgens
col de sapois, 23. januar 2023
 
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