[ si la famille peut te ramener chez toi … wenn die familie dich nachhause bringen darf … ]

April 2nd, 2023

 

 

et puis il y a l’appel que tout est
fini. mon compagnon poilu, le
copain, l’enfant, il est mort. la fin
d’une époque, c’est donc atteint

jamais, il ne galopera sur des prés
arc-en-ciel, mais pendant les nuits, il
rencontra tous mes amours caché

entre tristesse et soulagement, je
tourne mon attention vers les vieux
amis et je me réjouis de les voir
changer leurs propres vies ou pas

 
—–
 

und dann kommt der Anruf, es sei
vorbei. mein wolliger gefährte, der
kumpel, das kind ist gestorben. da
ist das ende einer zeit also erreicht

er wird nie über regenbogenweiden
galoppieren, aber nachts, da trifft
er all meine verborgenen lieben

zwischen trauer und erleichterung
wende ich den blick meinen alten
freunden zu, freue mich daran, wie
sie ihr leben ändern oder auch nicht

 

foto: … tu sais à nouveau où c’est
… dann weisst du wieder, wo das ist
le pradet, 23. februar 2023
 
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[ syndrome de stockholm 2023 ou le mythe de la liberté et de l’amour. stockholm-syndrom 2023 oder der mythos von freiheit und liebe ]

März 19th, 2023

comme beaucoup d’anciens habitants de la
rda, l’un de mes amis les plus proches a
vécu son enfance et sa jeunesse là-bas de
manière plus heureuse et avec un sentiment
de sécurité sociale plus fort que ce que lui
offre aujourd’hui sa réalité de vie dans des
conditions précaires dans cette allemagne
réunifiée. après l’effondrement plutôt
surprenant de la dictature de la rda et de son
mensonge du socialisme réel et éternel, les
personnes libérées se sont laissées aller
aux tentations de l’ancien ennemi, dans
l’espoir fou d’un meilleur avenir … et ont
été violés ; bien sûr, le capitalisme use
et abuse sans retenue. ceux qui s’en sont
enrichis ont écrit la magnifique histoire de
la réunification réussie, pas ceux qui on
donné. ceux-là mêmes qui aujourd’hui
se languissent de leurs passés perdus

être tombé de la pluie dans le caniveau
est un pressentiment trop grave pour que
beaucoup n’aient plus le courage de faire
ce pas supplémentaire nécessaire. quatre
décennies de bonheur ne peuvent tout de
même pas être une putain d’illusion ?

à peine arrivé en france, des comparaisons
se sont imposées à moi : les bâtiments, le
comportement général, partout des frontières
et une violence flagrante. si je qualifie la
france d’aujourd’hui de „rda2.0“, il y a plus
d’amertume que de plaisir derrière. hélas

le terme „syndrome de stockholm“ désigne
une attention émotionnelle qu’une victime
porte à son bourreau. j’ai moi-même vécu
ce phénomène dans des relations intimes. et
communément, on l’appelle „amour“. mais
c’est une autre histoire de fous

 
—–
 

wie viele ehemalige ddr-bewohner hat einer
meiner engsten freunde seine kindheit und
jugend in der ddr glücklicher und mit einem
stärkeren gefühl der sozialen sicherheit
erlebt, als ihm seine lebenswirklichkeit
unter prekären verhältnissen heute im
wiedervereinigten deutschland bietet. nach
dem die ddr-diktatur und seine lüge vom
real und ewig existierenden sozialismus
ziemlich überraschend zusammengebrochen
waren, gaben sich die freigelassenen den
verlockungen des ehemaligen feindes hin, in
irrer hoffnung auf bessere zukunft … und
kriegten eine vergewaltigung. kapitalismus
ge- und missbraucht ohne hemmung. die
wundersame geschichte der gelungenen
wiedervereinigung wurde geschrieben von
jenen, die sich daran bereicherten, nicht
von denen, die dafür gegeben hatten. den
gleichen, die sich heute wieder in ihre
verlorenen vergangenheiten zurücksehnen

vom regen in die traufe gestossen worden
zu sein, ist vielen eine allzu schlimme
ahnung, als dass ihnen der mut reichte für
den einen weiter notwendigen schritt. vier
jahrzehnte im glück können doch nicht nur
beschissene selbsttäuschung gewesen sein?

kaum in frankreich angekommen, drängten
sich mir vergleiche auf: die gebäude, das
allgemeine gebaren, überall grenzen und
krasse gewalt. bezeichne ich daher das
heutige frankreich als „ddr2.0“, steckt viel
mehr bitterkeit dahinter als spass. leider

der begriff „stockholm-syndrom“ steht für
die emotionale hinwendung eines opfers an
seinen peiniger. ich habe dieses phämomen
auch in intimen beziehungen erlebt. dann
wird es gemeinhin „liebe“ genannt. aber
das ist eine andere, verrückte geschichte

 

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[ deux sur la rivière jaune. zwei am gelben fluss ]

Februar 5th, 2023

 

 

nous nous donnâmes des noms
de fleurs, nous plantâmes des
arbres de brume dans le sol, il
y avait une rivière jaune devant

nous qui se déversait jusqu’à
l’horizon, une mer de lumière

autour de nous était un
nouveau jour, chaud et vaste
et comme la rivière jaune sans
commencement, sans fin

 
—–

 

da gaben wir uns namen
wie blumen, da pflanzten wir
nebelbäume in den grund
da war vor uns ein gelber

fluss, der sich hingoss bis
zum horizont, meer aus licht

um uns war ein neuer
tag, warm und weit und
gleich dem gelben fluss ohne
anfang, ohne ein ende

 

foto: deux sur la rivière jaune
zwei am gelben fluss
col de sapois, 01. februar 2023
 
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[ les couleurs d’un matin tout à fait normal ]

Januar 28th, 2023

 

 

derrière le premier virage après la hauteur du
col, il y avait un renard sur la route. des arbres à
droite et à gauche, la route étroite recouverte de
verglas, de la neige soufflée au bord. au milieu de
la trace le renard, du sang dans une mare noire
autours de sa tête. quelques instants plus tard
j’étais passé, le prochain virage à gauche, en
decendant du petit bois dans la précipitation

du matin. j’ai l’image d’un renard qui, il y a
des années, était assis au bord d’une route, la
nuit, dans la lumière crue de mes phares, sans
bouger, regardant son compagnon mort. et
quelques instants plus tard, j’étais passé. son
attente n’a jamais trouvé de fin, reste dans
mes mémoires comme les couleurs fluo de
cette nuit, comme mon deuil de son inutilité

 
—–
 

hinter der ersten kurve nach der passhöhe lag
ein fuchs auf der strasse. rechts und links
bäume, die schmale strasse überzogen von
eis, am rand hingewehter schnee. mitten in der
spur der fuchs, blut in einer schwarzen lache
um seinen kopf. augenblicke später war ich
vorbei, die nächste kurve nach links, bergab
aus dem wäldchen heraus, in morgendlicher

eile. ich habe das bild eines fuchses vor augen
der vor jahren nachts am rand einer strasse sass
im schneidenden licht meiner scheinwerfer, ohne
eine bewegung sass er da und schaute auf seinen
getöteten gefährten. augenblicke später war ich
vorbei. sein warten hat nie geendet, bleibt in
meiner erinnerung wie die neonfarben dieser
nacht, wie meine trauer über seine vergeblichkeit

 

foto: les couleurs d’un matin tout à fait normal
die farben eines ganz normalen morgens
col de sapois, 23. januar 2023
 
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[ joyeux noël. fröhliche weihnachten ]

Januar 14th, 2023

 

 

pourquoi je vis ici ? c’est parce que je pensais
n’avoir jamais vécu une vie normale avec des
expériences normales. je voulais donc vivre
une vie ordinaire comme un parmis d’autres

la première surprise a été de constater qu’il
semble normal que beaucoup de personnes
doivent vivre très en dessous des autres. et
c’est maintenant mon quotidien doux-amer

 
en france, on vit „comme un coq en pâte“ …

… c’est de la sueur sous les aisselles, de
la saleté sous les ongles, un comportement
uniformisé dans des rôles dépassés et du
respect uniquement contre rémunération

eh bien

la liberté, tant chantée, n’est qu’un compte
de fées. elle évite la pression omniprésente
et ne se baigne nulle part avec nous, la
populace, dans les caniveaux mazoutés

 
—–
 

warum ich hier lebe? weil ich glaubte, ein
normales leben mit normalen erfahrungen
nie gelebt zu haben. so wollte ich als einer
unter vielen ein gewöhnliches leben führen

die erste wirkliche überraschung war, dass
hier anscheinend sehr viele sehr tief unter
den anderen leben müssen. und dies ist
nun mein neuer, mein bittersüsser alltag

 
„leben wie gott in frankreich“, das heisst …

… schweiss unter den achseln, dreck unter
den nägeln, uniformisiertes verhalten in
tradierten sozialen und geschlechterrollen
und respekt gibt’s nur gegen bezahlung

tja

die fleissig besungene freiheit ist nur ein
ammenmärchen. sie meidet den überall
gegenwärtigen druck und badet nirgendwo
mit uns, dem pöbel, im verölten rinnstein

 

foto: joyeux noël
fröhliche weihnachten
gérardmer, 03. november 2022
 
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[ ton souffle portait des mots. dein atem trug worte ]

Dezember 22nd, 2022

 

 

celui qui veut habiter chez moi trouve toujours une
réponse. et toi, tu te tenais au seuil de la porte, ton
souffle portait des mots dans le couloir vide comme
de vieux feuillages. je n’étais pas là chez moi. plus
depuis longtemps, tu le savais, n’est-ce pas … ?

les amis m’ont trouvé dans la lumière des jours. nous
nous sommes fait du bien. nous avons partagé nos vies
comme des frères et des sœurs. nous avons échangé
notre amour comme des amoureux. le matin, nous
étions heureux. enrichis. plus intelligents. nous nous

donnions de la beauté et du feu, nous couvrions de
notre propre peau les blessures que nous faisions. nous
n’économisions pas sur l’autre. et jamais, jamais nous
ne troublions le silence de la nuit sans raison. il s’agissait
toujours de la vie entière, n’est-ce pas ? n’est-ce pas ? et

le matin, oui, même les jours solitaires, nous étions
arrivés. mais je n’y suis plus été depuis longtemps

 
—–
 

wer bei mir wohnen will, findet immer eine antwort. und
du, du standest an der schwelle der tür, dein atem trug
worte in den leeren flur gleich alten laubs. ich war dort
nicht zuhause. lange nicht mehr, du wusstest doch …?

die freunde fanden mich im licht der tage. wir taten
uns gut. wir teilten unsere leben wie geschwister. wir
tauschten unsere liebe wie liebende. morgens waren wir
glücklich. bereichert. klüger. wir gaben uns schönheit

und feuer, wir deckten die wunden, die wir schlugen, mit
eigener haut. wir sparten nicht am anderen. und nie, nie
störten wir die stille der nacht ohne grund. es ging doch
immer um das ganze leben oder nicht? oder nicht? und

morgens, ja, selbst an den einsamen tagen, waren wir
angekommen. doch war ich schon lange nicht mehr dort

 

foto: (sans titre / ohne titel)
sapois, 30. november 2022
 
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[ maison de rêve. traumhaus ]

September 29th, 2022

 

 

ce sont toujours les petits détails, les plus
infimes changements, les soupçons d’une
variation de l’existant. au réveil j’ai été
étonné par cette maison rêvée et ses invités

la maison comme image rêvée de moi-même. je
la comprends, je l’accepte comme une remarque
amicale, un bon conseil, donné sur le chemin

stupéfié, j’aborde ma journée. ça fait chaud
au coeur, ça fait du bien. malgré tout le rest

 
—–
 

stets sind es die kleinigkeiten, die winzigsten
veränderungen, die ahnungen einer variation
des bisherigen. beim erwachen staunte ich
über dieses geträumtes haus und seine gäste

ein haus als traumbild meines selbst. verstehe
ich es, nehme ich es an wie einen freundlichen
hinweis, den guten rat, auf den weg mitgegeben

heute gehe ich staunend in den tag. das fühlt
sich warm an, das fühlt sich gut an. trotz allem

 

foto: boîte à notes (II)
zettelkasten (II)
sapois, 15. september 2022
 
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[ un clic de souris ou une éternité. ein mausklick oder eine ewigkeit ]

September 25th, 2022

 

 

beaucoup de mes amis brûlent pour une chose ou
ont brûlé jusqu’à la fin. avec lui, ami et compagnon
de combat depuis plus de 20 ans, j’ai téléphoné il y a
trois mois, inquiet de son épuisement imminent. tu
fais partie de ma famille, lui ais-je dit, tu fais partie
de ma vie. « la cruche va si longtemps à la fontaine … »
ce à quoi il a complèté: « jusqu’à ce qu’il soit plein »

sa cruche s’est brisée. andreas hochhaus (plus tard
bender) éditeur du magazine des droit des animaux
«voice», est mort. c’est le soir du 20 septembre
2022 qu’il est décédé. tant de choses à propos nous
nous sommes disputés, tant de choses accomplies
et à la fin nous vivions à proximité d’un clic de
souris ou à cinquante heures de vélo l’un de l’autre

et tout à coup, c’est une putain d’éternité

 
—–
 

viele meiner freunde brennen für eine sache oder
brannten dafür bis zum ende. mit ihm, freund und
kampfgenosse seit über 20 jahren, telefonierte ich
vor drei monaten, besorgt wegen seines drohenden
burnouts. du bist teil meiner familie, sagte ich, du
bist ein teil meines lebens. „der krug geht so lange
zum brunnen …“ und darauf er: „bis er voll ist“

sein krug ist doch zerbrochen. andreas hochhaus
(später bender), herausgeber und redakteur des
tierrechtsmagazins „voice“, ist tot. er starb am
abend des 20. september 2022. wir haben so viel
miteinander gestritten, so viel geschafft und am
ende wohnten wir nur einen mausklick nah oder
doch fünfzig fahrradstunden voneinander entfernt

und plötzlich ist es eine verdammte ewigkeit

 

foto: l’emblème du magazine des droits des animaux „voice“
emblem des tierrechtsmagazins „voice“
peryton-archiv (2000)
 
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[ puis. und dann ]

September 17th, 2022

 

 

puis à l’extrémité grise
recouvrir un puits
réveiller un matin
nager dans la journée
sur le parfum des orchidées
s’il le faut
(et il le faut)
à contre-courant

 
—–
 

und dann am grauen ende
einen brunnen abdecken
einen morgen wecken
auf dem duft von orchideen
in den tag schwimmen
wenn es sein muss
(und es muss sein)
gegen den strom

 

foto: puis. und dann
col de sapois, 15. september 2022
 
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[ yesterday don’t matter if it’s gone ]

Juli 24th, 2022

 

 

pour moi, tu restera toujours un musicien. simplement
un de ceux qui n’ont pas réussi. et alors ? nous sommes
tous les deux égaux. tout essayé, tout donné. hier ne
compte plus quand c’est fini
. nous aurons toujours des
mélodies en tête que personne n’entendra plus jamais  °

 
—–
 

für mich bleibst du doch immer ein musiker. eben einer
von denen, die’s nicht geschafft haben. na und? da sind
wir uns gleich. alles versucht, alles gegeben. gestern
zählt nicht mehr, wenn es vorbei ist
. wir werden immer
melodien im kopf haben, die niemand mehr hören wird  °

 

photo: rémy marietti
endingen, 02. märz 2013
 
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° àpres melanie safka „ruby tuesday“, source externe/
externe quelle, ℗ 2010 carinco neue medien gmbh

[ partout la guerre. überall ist krieg ]

Juli 16th, 2022

 

 

c’est le hurlement des slogans de guerre
qui rallume les vieux orages d’acier. mais
c’est un héros qui baisse le drapeau pour
le bien de l’amour, pour la vie. et s’enfuit

 
—–
 

das heulen der kriegsparolen befeuert
alte stahlgewitter neu. doch ist der ein
held, wer um der liebe, um des lebens
willen die fahne sinken lässt. und flieht

 

photo: partout la guerre
überall ist krieg
sapois, 18. mai 2022
 
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[ mes quatre saisons. meine vier jahreszeiten ]

Juni 19th, 2022

 

 

le silence après, quand tous les invités ont
quitté la maison. au dernier moment une
catastrophe classique d’enfants, un flot

insatiable de larmes qui me fait grincer
des dents. faire signe, jusqu’à ce qu’ils
aient passé le virage et partis, gorge nouée

hier soir, par ce soir d’été incroyablement
chaud, à l’ouest, ce ciel gris-bleu acier
incomparable, j’ai reçu un dernier dessin

quatre arbres, quatre fois différants, le
titre au-dessus. pour que je n’oublie
jamais comment s’appellent les saisons:

pruntemps été automm hiver. bien sûr. ce
silence et cette foutue boule dans la gorge

 
—–
 

die stille danach, wenn alle gäste das haus
verlassen haben. im letzten moment eine
klassische kinderkatastrophe, unstillbarer

strom von tränen, der mich die zähne
zusammenbeissen lässt. winken, bis sie
um die kurve sind und davon, kloss im hals

gestern abend, an diesem unfassbar warmen
sommerabend mit diesem unvergleichlich
stahlblaugrauen himmel im westen, bekam

ich eine letzte zeichnung. vier bäume, viermal
verschieden, darüber der titel. damit ich nie
vergessen kann, wie die jahreszeiten heissen:

früling sommer herrbst winter. na klar. diese
stille und dieser verdammte kloss im hals

 

dessin: le voleur
zeichnung: der dieb
von juna f.,
sapois, 18. juni 2022
 
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[ … rien que réel … wie nichts ]

April 7th, 2022

 

 

tout est réel, rien n’est réel. au moment où j’écris
ces lignes, je suis à presque mille kilomètres de là
et il fait si chaud que j’envisage de faire un plongeon
dans la mer. la photo date du jour du vent du désert
à la mi-mars. cette chanson que j’ai créé à l’époque
pour lea qui était angoissée et fofolle m’accompagne
toujours. d’une manière ou d’une autre, toujours les
choses et les gens reviennent, comme ces maudits
temps de guerre qui reviennent sans cesse. voulu et
non voulu. c’est vrai, ce n’est pas vrai. tout est aussi

 
—–
 

alles ist wirklich, nichts ist wirklich. während ich
dies schreibe, bin ich fast tausend kilometer davon
entfernt. es ist so warm, dass ich überlege, einen
sprung ins meer zu wagen. das foto stammt vom
tag des wüstenwindes, mitte märz. jenes lied, das
ich damals für die angstvoll-verdrehte lea schrieb
begleitet mich noch immer. stets kommen menschen
und dinge zurück, auf die eine oder andere weise
wie diese verfluchten, unablässig wiederkehrenden
zeiten des krieges. gewollt und nicht gewollt. es
stimmt, es stimmt nicht. alles ist ebenso wirklich

 

foto: en bas au bord du ru
unten am bach
sapois, 15. märz 2022
 
[ download manicalea (premix 2006), mp3, 12,6 mb ]
 
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[ au col. am pass ]

Februar 20th, 2022

 

 

chaque fois que je pense avoir atteint le sommet, un
nouveau. puis je sors de la pessière pour entrer dans
une forêt de chênes clairsemée. enfin. derrière une
arête rocheuse en granit gris, le terrain tombe à pic

comme jeté et oublié, cet endroit est baigné de soleil

des houx, des genévriers, un pin, des bruyères et
de la mousse de toutes les couleurs. du vent chaud
venant de l’ouest. en redescendant un papillon citron
m’accompagne dans sa danse lumineuse, silencieuse

aller plus loin, faut laisser faire et c’est très bien °

 
—–
 

immer wenn ich denke, der gipfel sei erreicht, ein
neuer anstieg. dann trete ich aus dem fichtenforst
in lichten eichenwald. endlich. hinter einer grauen
felsenkante aus granit geht es senkrecht hinab

wie hingeworfen und vergessen, dieser sonnige ort

stechpalmen, wachholder, eine kiefer, darunter
heidekraut und moos in allen farben. von westen
ein warmer wind. beim abstieg begleitet mich ein
erster zitronenfalter in leuchtendem, stillem tanz

weitergehen, es geschehen lassen und es ist gut °

 

foto: au col
am pass
col de chenau, 09. februar 2022
 
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° àpres léo ferret „avec le temps“, source externe/externe quelle, © ferret

[ mon foyer, mon feu, ma jungle de la nuit ]

Februar 19th, 2022

 

 

chaque soir, mon chemin du retour me ramène à travers
la montagne. hier, un „guérisseur“ m’attendait, les mains
posées sur mon corps douleureux, tout aussi convaincu de
me sauver comme, aujourd’hui, cette étrangère qui m’a
béni. bien intentionné. des journées pleines d’aventures

et chaque nuit, je lutte avec moi-même jusqu’à ce que
je me réveille tout en sueur, épuisé, une gorgée d’eau
et je continue, tour suivant, chapitre suivant, en luttant
pour une réponse jusqu’au lendemain, la même chose
en des variations infinies. tu t’en vas et je me réveille

voilà. c’est mon foyer, mon feu, ma jungle de la nuit

 
—–
 

jeden abend führt mich mein weg über den berg zurück
zu mir. gestern erwartete mich ein „heiler“, hände über
meinen schmerzenden leib haltend, ebenso überzeugt
mich zu retten wie jene fremde, die heute einen segen
über mir sprach. alles gut gemeint. tage voller abenteuer

und jede nacht ringe ich mit mir selbst, bis ich erwache
schweissüberströmt, erschöpft, einen schluck wasser
und weiter, nächste runde, nächstes kapitel, ringend
um antwort, bis zum nächsten morgen, das gleiche in
unendlichen variationen. du gehst weg, ich wach´ auf

dies mein heim, mein feuer, mein dschungel der nacht

 

foto: sur le chemin du retour
auf dem heimweg
col de sapois, 08. dezember 2021
 
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[ la toussaint. allerheiligen ]

November 11th, 2021

 

 

en klaxonnant, j’arrivais à sa cour pendant qu’il regardait
sa montre. onze heures onze. il l’avait pris tel un signe, dit-il
plus tard. nous nous embrassions et il présentait, comme on
le fait toujours avec des amis qui étaient absent pendant une
longue période, sa nouvelle maison. fier. en grand chagrin

celles-ci étaient tous dispersés ici, par terre, regarde !, et
il me montre une coeur en clous, en plein milieu accroché
avec une goupille en acier d’un poteau en bois. je pense
que c’est le meilleur que tu aies jamais fait, je dis, c’est
complètement toi. c’était là, qu’il a recommencé à pleurer

le premier joint pendant la visite chez un ami mort dans la
forêt. la première bière sur un banc avec une vue sur nos
chères montagnes natales. ainsi nous célébrons notre deuil
lui le sien, moi le mien. et quand la nuit tombe, je tombe
aussi, rève de toi dans un aire de jeu, l’enfant dans le sable

 
—–
 

als ich hupend auf den hof fuhr, schaute er auf die uhr. elf
uhr elf. er nahm dies als ein zeichen, sagte er später. wir
nahmen uns in die arme und er zeigte mir sein neues haus
wie man immer den alten freunden das neue haus zeigt, die
lange fort gewesen sind. mit stolz. und mit grosser trauer

die haben hier alle auf dem hof herumgelegen, schau!, und
er zeigt auf ein herz aus nägeln, mit einem stahlstift mitten
hindurch an einen holzpfahl geschlagen. das, finde ich, ist
das beste, was du jemals gemacht hast, sage ich, das bist
ja komplett du. und da hat er wieder angefangen zu weinen

zum besuch beim toten freund im wald den ersten joint. das
erste bier auf einer bank mit blick über unsere heimatlichen
berge. so feiern wir unsere trauer, er die seine und ich die
meine. und als die sonne hinter den horizont fällt, falle ich
hinterher, träume von dir, am spielplatz, dein kind im sand

 

foto: coeur en clous
nagelherz
im allgäu, 11. november 2021
 
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[ boîte à notes. zettelkasten ]

November 1st, 2021

 

 

une lettre s’ouvre, mon regard s’accroche d’une phrase
lors que je mets des photos et des lettres dessus, ferme
le couvercle de la caisse. je ne veux pas que tu sois la
chose la plus importante de ma vie.
ça fait toujours

mal. je m’installe, je fait revivre cet appartement avec
des souvenirs. une boîte à notes. derrière chaque pièce
derrière chaque photo une histoire, un sentiment. hier
quand je voulais jouer une de mes chansons, la main

avait oublié le chemin familier sur le manche. là, tu as
l’air presque aussi heureux que le chat.
si, aujourd’hui
je suis plus heureux que jamais, après plus d’une
décennie. comment il est arrivé au chat, je n’en sais

rien

 
—–
 

ein brief blättert sich auf, mein blick bleibt an einem
satz hängen, dann lege ich fotos und briefe darüber
schliesse den deckel der kiste. ich will nicht, dass
du das wichtigste in meinem leben bist.
es tut immer

noch weh. ich richte mich ein, belebe diese wohnung
mit erinnerungen. ein zettelkasten. hinter jedem stück
jedem bild eine geschichte, ein gefühl. gestern wollte
ich einen meiner chansons spielen, da hatte die hand

den gewohnten weg über das griffbrett vergessen. du
siehst da beinahe so glücklich aus wie der kater.
doch
glücklich bin ich heute mehr denn je, über ein jahrzehnt
entfernt. und wie es dem kater ergangen ist, weiss ich

nicht

 

foto: boîte à notes
zettelkasten
sapois, 01. november 2021
 
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[ prénoms. vornamen ]

August 29th, 2021

 

 

à un moment inopportun, au mauvais endroit nous
avons utilisé nos
 prénoms. puis elle a donné à mon
nom mal-aimé une nouvelle sonorité. aussitôt, je
confesse, j’ai fus enchanté. en effet, ce mec-là
avait tellement perdu
 sa tête que les chrétiens ont
créé un jour un mémorial. c’est de mauvais aloi !

ce truc-là, perdre la tête, m’est arrivé plusieurs
fois dans ma vie. entre-temps j’essaye d’éviter ça
seulement et uniquement pour pouvoir descendre
orgastique mon café de midi. et je suis sûr: quand
da vinci avait eu un libre arbitre, à l’époque, il
aurait donné „son“ johannes un gobelet à la main

 
—–
 

wir duzten uns am falschen ort zur unpassenden
zeit. dann gab sie meinem ungeliebten vornamen
einen neuen klang. ich bekenne, ich war sofort
verzaubert. der typ da hatte allerdings am ende
so sehr den kopf verloren, dass die christen einen
feiertag draus machten. ein schlechter scherz!

das mit dem kopf verlieren, das ist mir im leben ein
paar mal passiert. inzwischen versuche ich sowas zu
vermeiden, allein, damit ich mittags lustvoll meinen
kaffee runterstürzen kann. und ich bin sicher: hätte
da vinci damals einen freien willen gehabt, hätte er
seinem“ johannes nen becher in die hand gegeben

 

foto: cafe de midi au bord du lac
mittagskaffee am ufer des sees
gérardmer, 11. juli 2021
 
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[ perles et pertes. siege und niederlagen ]

August 22nd, 2021

 

 

encore un après-midi ensoleillé à genoux pour examiner
des beautés minuscules, préciosités négligées, cailloux
tels des pensés, mémoires et mélodies, un sourire, une
petite douleur, perles et pertes, momentes lâchés quelque
part en route, jamais retrouvés. tout mon bonheur dans
ces choses magiques qui comblent les nouvelles coulisses
de ma vie. et ici, un cadavre en décomposition avec un
couple de nécrophores en noir et orange. on peut les ouïr
grignoter et creuser. dégoûtant et attirant cette scène de
théâtre immémorial à la périphérie d’une nécrophile qui
se nourrit de la vente de l’ombre des montagnes torturées

 
—–
 

wieder ein sonniger nachmittag auf den knien, um winzigste
schönheiten zu betrachten, übersehene kostbarkeiten, kiesel
wie gedanken, erinnerungen und melodien, ein lächeln, ein
kleiner schmerz, siege und niederlagen, irgendwo unterwegs
liegengelassene augenblicke, niemals wiedergefunden. all
mein glück in den magischen dingen, die die neuen kulissen
meines lebens ausmalen. und hier ein verfallender kadaver
mit einem pärchen totenkäfer in schwarz und orange. man
kann sie knabbern hören und graben. abstossend, anziehend
schön, diese uralte theaterszene am rande einer totenstadt
die sich vom verkauf des schattens gepeinigter berge ernährt

 

foto: nicrophorus spec.
kichompré, 20. august 2021
 
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[ la beauté et la crotte ]

Juli 25th, 2021

 

 

et alors, demanda-t-il, tu es encore sur le marché ? on
y est toujours, répondit-t-elle. et toi, georg, tu es aussi
sur le marché ? non, dis-je, moi non plus. pas du tout

ici, les papillons sont d’une beauté impressionnante. à
perte de vue, c’est la grande proximité des contrastes

j’y suis arrivé dans la vie quotidienne. on travail, on jure
et on rit ensemble. on s’approche. les prochains jours je
souscrirai le bail. enfin. oui, arriver, ça prend son temps

 
—–
 

und nun bist du also wieder auf dem markt, fragte er?
da ist man doch immer, antwortete sie. und du, georg
bist du auch auf dem markt? nein, sage ich, gar nicht

die schmetterling hier sind beeindruckend schön. und
unübersehbar nah liegen die gegensätze beieinander

bin jetzt im alltag angekommen. man arbeitet, flucht, man
lacht zusammen. lernt sich kennen. den mietvertrag gibt’s
in den nächsten tagen. ja, ankommen braucht seine zeit

 

foto: la beauté et la crotte. das schöne und die scheisse
grand mars changeant. grosser schillerfalter
(apatura iris)
kichompré, 20. juli 2021
 
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