Archive for 2022

[ ton souffle portait des mots. dein atem trug worte ]

Donnerstag, Dezember 22nd, 2022

 

 

celui qui veut habiter chez moi trouve toujours une
réponse. et toi, tu te tenais au seuil de la porte, ton
souffle portait des mots dans le couloir vide comme
de vieux feuillages. je n’étais pas là chez moi. plus
depuis longtemps, tu le savais, n’est-ce pas … ?

les amis m’ont trouvé dans la lumière des jours. nous
nous sommes fait du bien. nous avons partagé nos vies
comme des frères et des sœurs. nous avons échangé
notre amour comme des amoureux. le matin, nous
étions heureux. enrichis. plus intelligents. nous nous

donnions de la beauté et du feu, nous couvrions de
notre propre peau les blessures que nous faisions. nous
n’économisions pas sur l’autre. et jamais, jamais nous
ne troublions le silence de la nuit sans raison. il s’agissait
toujours de la vie entière, n’est-ce pas ? n’est-ce pas ? et

le matin, oui, même les jours solitaires, nous étions
arrivés. mais je n’y suis plus été depuis longtemps

 
—–
 

wer bei mir wohnen will, findet immer eine antwort. und
du, du standest an der schwelle der tür, dein atem trug
worte in den leeren flur gleich alten laubs. ich war dort
nicht zuhause. lange nicht mehr, du wusstest doch …?

die freunde fanden mich im licht der tage. wir taten
uns gut. wir teilten unsere leben wie geschwister. wir
tauschten unsere liebe wie liebende. morgens waren wir
glücklich. bereichert. klüger. wir gaben uns schönheit

und feuer, wir deckten die wunden, die wir schlugen, mit
eigener haut. wir sparten nicht am anderen. und nie, nie
störten wir die stille der nacht ohne grund. es ging doch
immer um das ganze leben oder nicht? oder nicht? und

morgens, ja, selbst an den einsamen tagen, waren wir
angekommen. doch war ich schon lange nicht mehr dort

 

foto: (sans titre / ohne titel)
sapois, 30. november 2022
 
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[ maison de rêve. traumhaus ]

Donnerstag, September 29th, 2022

 

 

ce sont toujours les petits détails, les plus
infimes changements, les soupçons d’une
variation de l’existant. au réveil j’ai été
étonné par cette maison rêvée et ses invités

la maison comme image rêvée de moi-même. je
la comprends, je l’accepte comme une remarque
amicale, un bon conseil, donné sur le chemin

stupéfié, j’aborde ma journée. ça fait chaud
au coeur, ça fait du bien. malgré tout le rest

 
—–
 

stets sind es die kleinigkeiten, die winzigsten
veränderungen, die ahnungen einer variation
des bisherigen. beim erwachen staunte ich
über dieses geträumtes haus und seine gäste

ein haus als traumbild meines selbst. verstehe
ich es, nehme ich es an wie einen freundlichen
hinweis, den guten rat, auf den weg mitgegeben

heute gehe ich staunend in den tag. das fühlt
sich warm an, das fühlt sich gut an. trotz allem

 

foto: boîte à notes (II)
zettelkasten (II)
sapois, 15. september 2022
 
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[ un clic de souris ou une éternité. ein mausklick oder eine ewigkeit ]

Sonntag, September 25th, 2022

 

 

beaucoup de mes amis brûlent pour une chose ou
ont brûlé jusqu’à la fin. avec lui, ami et compagnon
de combat depuis plus de 20 ans, j’ai téléphoné il y a
trois mois, inquiet de son épuisement imminent. tu
fais partie de ma famille, lui ais-je dit, tu fais partie
de ma vie. « la cruche va si longtemps à la fontaine … »
ce à quoi il a complèté: « jusqu’à ce qu’il soit plein »

sa cruche s’est brisée. andreas hochhaus (plus tard
bender) éditeur du magazine des droit des animaux
«voice», est mort. c’est le soir du 20 septembre
2022 qu’il est décédé. tant de choses à propos nous
nous sommes disputés, tant de choses accomplies
et à la fin nous vivions à proximité d’un clic de
souris ou à cinquante heures de vélo l’un de l’autre

et tout à coup, c’est une putain d’éternité

 
—–
 

viele meiner freunde brennen für eine sache oder
brannten dafür bis zum ende. mit ihm, freund und
kampfgenosse seit über 20 jahren, telefonierte ich
vor drei monaten, besorgt wegen seines drohenden
burnouts. du bist teil meiner familie, sagte ich, du
bist ein teil meines lebens. „der krug geht so lange
zum brunnen …“ und darauf er: „bis er voll ist“

sein krug ist doch zerbrochen. andreas hochhaus
(später bender), herausgeber und redakteur des
tierrechtsmagazins „voice“, ist tot. er starb am
abend des 20. september 2022. wir haben so viel
miteinander gestritten, so viel geschafft und am
ende wohnten wir nur einen mausklick nah oder
doch fünfzig fahrradstunden voneinander entfernt

und plötzlich ist es eine verdammte ewigkeit

 

foto: l’emblème du magazine des droits des animaux „voice“
emblem des tierrechtsmagazins „voice“
peryton-archiv (2000)
 
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[ puis. und dann ]

Samstag, September 17th, 2022

 

 

puis à l’extrémité grise
recouvrir un puits
réveiller un matin
nager dans la journée
sur le parfum des orchidées
s’il le faut
(et il le faut)
à contre-courant

 
—–
 

und dann am grauen ende
einen brunnen abdecken
einen morgen wecken
auf dem duft von orchideen
in den tag schwimmen
wenn es sein muss
(und es muss sein)
gegen den strom

 

foto: puis. und dann
col de sapois, 15. september 2022
 
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[ yesterday don’t matter if it’s gone ]

Sonntag, Juli 24th, 2022

 

 

pour moi, tu restera toujours un musicien. simplement
un de ceux qui n’ont pas réussi. et alors ? nous sommes
tous les deux égaux. tout essayé, tout donné. hier ne
compte plus quand c’est fini
. nous aurons toujours des
mélodies en tête que personne n’entendra plus jamais  °

 
—–
 

für mich bleibst du doch immer ein musiker. eben einer
von denen, die’s nicht geschafft haben. na und? da sind
wir uns gleich. alles versucht, alles gegeben. gestern
zählt nicht mehr, wenn es vorbei ist
. wir werden immer
melodien im kopf haben, die niemand mehr hören wird  °

 

photo: rémy marietti
endingen, 02. märz 2013
 
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° àpres melanie safka „ruby tuesday“, source externe/
externe quelle, ℗ 2010 carinco neue medien gmbh

[ partout la guerre. überall ist krieg ]

Samstag, Juli 16th, 2022

 

 

c’est le hurlement des slogans de guerre
qui rallume les vieux orages d’acier. mais
c’est un héros qui baisse le drapeau pour
le bien de l’amour, pour la vie. et s’enfuit

 
—–
 

das heulen der kriegsparolen befeuert
alte stahlgewitter neu. doch ist der ein
held, wer um der liebe, um des lebens
willen die fahne sinken lässt. und flieht

 

photo: partout la guerre
überall ist krieg
sapois, 18. mai 2022
 
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[ mes quatre saisons. meine vier jahreszeiten ]

Sonntag, Juni 19th, 2022

 

 

le silence après, quand tous les invités ont
quitté la maison. au dernier moment une
catastrophe classique d’enfants, un flot

insatiable de larmes qui me fait grincer
des dents. faire signe, jusqu’à ce qu’ils
aient passé le virage et partis, gorge nouée

hier soir, par ce soir d’été incroyablement
chaud, à l’ouest, ce ciel gris-bleu acier
incomparable, j’ai reçu un dernier dessin

quatre arbres, quatre fois différants, le
titre au-dessus. pour que je n’oublie
jamais comment s’appellent les saisons:

pruntemps été automm hiver. bien sûr. ce
silence et cette foutue boule dans la gorge

 
—–
 

die stille danach, wenn alle gäste das haus
verlassen haben. im letzten moment eine
klassische kinderkatastrophe, unstillbarer

strom von tränen, der mich die zähne
zusammenbeissen lässt. winken, bis sie
um die kurve sind und davon, kloss im hals

gestern abend, an diesem unfassbar warmen
sommerabend mit diesem unvergleichlich
stahlblaugrauen himmel im westen, bekam

ich eine letzte zeichnung. vier bäume, viermal
verschieden, darüber der titel. damit ich nie
vergessen kann, wie die jahreszeiten heissen:

früling sommer herrbst winter. na klar. diese
stille und dieser verdammte kloss im hals

 

dessin: le voleur
zeichnung: der dieb
von juna f.,
sapois, 18. juni 2022
 
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[ … rien que réel … wie nichts ]

Donnerstag, April 7th, 2022

 

 

tout est réel, rien n’est réel. au moment où j’écris
ces lignes, je suis à presque mille kilomètres de là
et il fait si chaud que j’envisage de faire un plongeon
dans la mer. la photo date du jour du vent du désert
à la mi-mars. cette chanson que j’ai créé à l’époque
pour lea qui était angoissée et fofolle m’accompagne
toujours. d’une manière ou d’une autre, toujours les
choses et les gens reviennent, comme ces maudits
temps de guerre qui reviennent sans cesse. voulu et
non voulu. c’est vrai, ce n’est pas vrai. tout est aussi

 
—–
 

alles ist wirklich, nichts ist wirklich. während ich
dies schreibe, bin ich fast tausend kilometer davon
entfernt. es ist so warm, dass ich überlege, einen
sprung ins meer zu wagen. das foto stammt vom
tag des wüstenwindes, mitte märz. jenes lied, das
ich damals für die angstvoll-verdrehte lea schrieb
begleitet mich noch immer. stets kommen menschen
und dinge zurück, auf die eine oder andere weise
wie diese verfluchten, unablässig wiederkehrenden
zeiten des krieges. gewollt und nicht gewollt. es
stimmt, es stimmt nicht. alles ist ebenso wirklich

 

foto: en bas au bord du ru
unten am bach
sapois, 15. märz 2022
 
[ download manicalea (premix 2006), mp3, 12,6 mb ]
 
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[ au col. am pass ]

Sonntag, Februar 20th, 2022

 

 

chaque fois que je pense avoir atteint le sommet, un
nouveau. puis je sors de la pessière pour entrer dans
une forêt de chênes clairsemée. enfin. derrière une
arête rocheuse en granit gris, le terrain tombe à pic

comme jeté et oublié, cet endroit est baigné de soleil

des houx, des genévriers, un pin, des bruyères et
de la mousse de toutes les couleurs. du vent chaud
venant de l’ouest. en redescendant un papillon citron
m’accompagne dans sa danse lumineuse, silencieuse

aller plus loin, faut laisser faire et c’est très bien °

 
—–
 

immer wenn ich denke, der gipfel sei erreicht, ein
neuer anstieg. dann trete ich aus dem fichtenforst
in lichten eichenwald. endlich. hinter einer grauen
felsenkante aus granit geht es senkrecht hinab

wie hingeworfen und vergessen, dieser sonnige ort

stechpalmen, wachholder, eine kiefer, darunter
heidekraut und moos in allen farben. von westen
ein warmer wind. beim abstieg begleitet mich ein
erster zitronenfalter in leuchtendem, stillem tanz

weitergehen, es geschehen lassen und es ist gut °

 

foto: au col
am pass
col de chenau, 09. februar 2022
 
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° àpres léo ferret „avec le temps“, source externe/externe quelle, © ferret

[ mon foyer, mon feu, ma jungle de la nuit ]

Samstag, Februar 19th, 2022

 

 

chaque soir, mon chemin du retour me ramène à travers
la montagne. hier, un „guérisseur“ m’attendait, les mains
posées sur mon corps douleureux, tout aussi convaincu de
me sauver comme, aujourd’hui, cette étrangère qui m’a
béni. bien intentionné. des journées pleines d’aventures

et chaque nuit, je lutte avec moi-même jusqu’à ce que
je me réveille tout en sueur, épuisé, une gorgée d’eau
et je continue, tour suivant, chapitre suivant, en luttant
pour une réponse jusqu’au lendemain, la même chose
en des variations infinies. tu t’en vas et je me réveille

voilà. c’est mon foyer, mon feu, ma jungle de la nuit

 
—–
 

jeden abend führt mich mein weg über den berg zurück
zu mir. gestern erwartete mich ein „heiler“, hände über
meinen schmerzenden leib haltend, ebenso überzeugt
mich zu retten wie jene fremde, die heute einen segen
über mir sprach. alles gut gemeint. tage voller abenteuer

und jede nacht ringe ich mit mir selbst, bis ich erwache
schweissüberströmt, erschöpft, einen schluck wasser
und weiter, nächste runde, nächstes kapitel, ringend
um antwort, bis zum nächsten morgen, das gleiche in
unendlichen variationen. du gehst weg, ich wach´ auf

dies mein heim, mein feuer, mein dschungel der nacht

 

foto: sur le chemin du retour
auf dem heimweg
col de sapois, 08. dezember 2021
 
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