[ art sur la tôle de soudage. peu ou prou ]

 

 

le stylo me grise, dis-je, quand même je pense le
petit mais au moins troisième (troisième ?) cordial. ah !
je dis et je corrige l’erreur. je croix que la débilimence
prématurée m’attaque déjà. c’est quoi qui t’attaque ?
demande-t-il. c’est ça, je dis, on est arrivé là. il faut
que je rentre à la maison, la nuit tombe

c’est samedi et en fait nous nous sommes rencontrés
brièvement, mais maintenant nous avons poussé cet
après-midi au bord d’un gouffre en parlent et en
consomment du cordial. il fallait bien que ça finisse, je
dis. et pourquoi est-ce qu’il faut que je me souhaite
vivement un avenir heureux quand je vis un présent
veinard ?

au lieu d’être dans l’expectative sans bouger j’embellis
mes journées en bricolant. art sur la tôle de soudage. au
bout de la journée je suis cassé et content et parfois il
reste un peu d’énergie pour une soirée peu ou prou
plein d’esprit avec les amis

 
—–
 

der kugelschreiber steigt mir zu kopf, sage ich, und meine
doch eigentlich den kleinen, aber mindestens dritten (dritten?)
likör. oh, sage ich und korrigiere meinen irrtum, ich glaube
die frühdebilenz setzt schon bei mir ein. was setzt ein?, fragt
er, eben, sage ich, soweit ist es schon. ich muss nachhause
gehen, ist ja eh schon dunkel

es ist samstag. wir trafen uns eigentlich nur ganz kurz, aber
jetzt haben wir den nachmittag mit reden und likörtrinken an
den rand eines abgrunds getrieben. irgendwann, sag ich, muss
ja auch mal schluss sein. und wozu muss ich eigentlich eine
glückliche zukunft ersehnen, wenn ich doch eine glückliche
gegenwart habe?

anstatt bewegungslos abzuwarten schraube ich mir meine
tage schön. kunst am schweissblech. am ende eines tages
bin ich kaputt und zufrieden und manchmal reicht die kraft
noch für einen mehr oder weniger geistvollen abend mit
freunden

 

foto: art sur la tôle de saudage. peu ou prou
kunst am schweissblech. mehr oder weniger
kiel, 12. dezember 2020
 
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