[ motomontage ]

November 18th, 2020

 

 

dans cet instant où j’étais disposé pour l’avenir c’est
justement celui qui ne semble plus exister. un big-bang
plus loin se trouve notre rencontre, un nouvel univers
est né, et dans mes rêves tu fais ton adieux comme des
années auparavant, encore et encore, lorsque je cours
escalier et escalier dans des maisons en évolution qui
ne me sont pas étrangères. on s’est toujours rencontrés
au mauvais endroit au mauvais moment. et perdus. le

réveil sonne

en haut, chuchote le bruillard du matin, en haut, prends
en main ton outil, prends ton courage et ton marteau et la
chaleur de ta véhémence. en haut, va forger ta fortune !

 
—–
 

jetzt, da ich bereit wäre eine zukunft zu sehen, scheint es
gerade diese nicht mehr zu geben. einen urknall entfernt
liegt unsere begegnung, eine neue welt ist entstanden. in
meinen träumen verabschiedest du dich wie in jahren zuvor
wieder und wieder, während ich treppauf, treppab laufe, in
mutierenden häusern, die mir nicht fremd sind. wir haben
uns immer zur falschen zeit am falschen ort gefunden. und

verloren. der wecker klingelt

auf, flüstert der morgennebel, auf, nimm deine werkzeuge
in die hand, nimm deinen mut und deinen hammer und die
hitze deiner leidenschaft. auf, geh schmieden dein glück!

 

foto: motomontage
kiel, 16. november 2020
 
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[ couleurs de l’automne. farben des herbstes ]

Oktober 31st, 2020

 

 

on va voir les amis, ici, et les autres manquent comme
les couleurs de l’été. on attend que quelque chose se
passe, enfin. chaque jour se reveille avec de l’espoir et
une tasse de café et tu deviens aussi délicieux comme
un canasson. vieilli. mais oui, je goûte ça. dehors, les
couleurs de l’automne et la pluie, cette pluie sans cesse

oui, tu as raison, tu es un peu hirsute, pendent ce temps

 
—–
 

man geht die freunde besuchen, hier, und die andern fehlen
wie die farben des sommers. warten, dass sich endlich etwas
tut. jeder morgen beginnt mit hoffnung und kaffee, und man
wird zauselig wie ein alter gaul. alt. doch, ich mag’s. draussen
die farben des herbstes und regen, unaufhörlich, dieser regen

ja, du hast schon recht, man wird ein wenig struppig dabei

 

foto: aux couleurs de l’automne
in den farben des herbstes
kiel, 25. oktober 2020
 
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[ quoi de neuf ? was gibt’s neues? ]

September 21st, 2020

 

 

malgré covid, j’ai dû terminer le monopoly français
tandis que je suis retourné sur la case départ en
retirant de l’argent. dans mon cas, c’est l’allocation
de chômage en allemagne. pas mal. pas perdu. mais …

ici, on porte des masques ou on ne les porte pas. on
parle de la conspiration, on parle du contraire ou
on ne parle plus. on fait les courses en avançant
en zigzag à cause de la peur ou par prudence. on
apprend à danser seul ou il faut qu’on s’en abstient

le premier août 2020, à berlin, la capitale du pays
de la folie, une manifestation „anti-corona“. à la fin
dix-sept milles sont unis dans la dingue conviction
qu’ils soient un point trois millions. bien sûr, on
pense, déja connu, la mégalomanie allemande. mais
pas plus tard, le 29 août 2020, une „attaque contre
le reichstag“ est organisée par les extrèmes droits

là, les têtes chauves marchent main à main avec les
dreadlocks et les châpeaux en aluminium. ils crient
„deutschland, deutschland“. ils veulent récupérer
l’empire ou quelque chose de pire, ils maudissent
ou ils font un ban pour putin ou trump, c’est selon
qu’on gueule l’une où l’autre parole. et moi, je
frissonne d’effroi de plus en plus chaque jour en
triant ces amis, qui n’ont pas encore perdus l’esprit

le soleil moribond s’est pendu au ciel pleureur, est y
situé tout en bas. ici, le vent humide est toujours
froid. les feuilles deviennent jaune et rouge et brune
et tombent par terre. mince. vraiment, j’y suis revenu

 
—–
 

dank covid beendete ich, indem ich über „los“ ging
und dort geld einzog, das französische monopoly. in
diesem fall das arbeitslosengeld in deutschland. das
ist nicht schlecht. nicht verloren. und dennoch …

hier trägt man masken oder man trägt sie nicht. man
spricht ganz offen von verschwörung, man spricht
vom gegenteil oder man spricht gar nicht mehr. man
erledigt seine einkäufe in schlangenlinien, aus
angst oder aus vorsicht. man lernt alleine zu
tanzen oder man muss eben darauf verzichten

am ersten august 2020 ein „anti-corona“-protestzug
in berlin, hauptstadt im land des wahnsinns. am ende
sind siebzehntausend demonstranten durch die irre
überzeugung vereint, eins komma drei millionen zu
sein. na klar, denkt man, das kennt man, deutscher
grössenwahn. aber nicht viel später, am 29. august
2020, organisieren die extrem rechten einen „sturm
auf den reichstag“. da marschieren die glatzen
hand in hand mit dreadlocks und aluminiumhüten

sie schreien „deutschland, deutschland“. sie wollen
ihr kaiserreich zurück oder schlimmeres, fluchen auf
putin und trump und lassen sie hochleben, je nach
parole, die gerade gebrüllt wird. mich gruselt’s von
tag zu tag mehr beim aussortieren der verbliebenen
freunde, die den verstand noch nicht verloren haben

eine sterbende sonne hat sich tief am trauernden himmel
aufgehängt. der feuchte wind ist hier immer kalt. die
blätter werden gelb und rot und braun und fallen tot
zu boden. so’n mist. ich bin wirklich zurückgekommen

 

foto: un soleil moribond. eine sterbende sonne
kiel-holtenau, 10. august 2020
 
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[ une chose, l’autre, comme d’hab. das eine, das andere, wie immer ]

Mai 21st, 2020

 

 

un amour perdu, l’autre retrouvé. ça va son chemin, en

perdant, en retrouvant, en perdant de nouveau. une
chose, l’autre, comme d’hab. ainsi je m’ai donné à ma
mer, qui s’est étendue à moi avec son crâne couvert

de mousse. submerger, émerger, encore et encore

 
—–
 

eine liebe verloren, eine zurückgewonnen. das geht so

seinen weg, verlieren, wiederfinden, verlieren. das eine
das andere, wie immer. so hab ich mich meinem meer
hingegeben, das sich mir mit seinem moosigen schädel

entgegenstreckte. abtauchen, auftauchen, immer wieder

 

foto: un amour vache. eine wilde liebe
le pradet, 21. mai 2020
 
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[ you have to go on, make sure what happens ]

Mai 11th, 2020

 

 

doucement, les vagues battent contre le navire. lève-toi !
disent-elles, ton bateau dérive. ton ancienne ancre ne te
tient plus. si il y a une équipe à bord, donne la direction

lève-toi !, disent les vagues, et en route !, ton ancre a
disparue, ton bateau flotte vers le rocher, maintenant il
faut que tu mettes les voiles, que tu tiennes la barre vers
l’accalmie et le port. l’ancre est perdue, est liberée du
poids d’un bateau qui ne pouvait pas la retenir. en haut !
disent les vagues, lève-toi ! doucement, doucement, elles
tapotent leur avertissement contre le ventre plat de ton

navire. you have to go on and make sure what happens

 
—–
 

leise schlagen die wellen ans schiff. steh auf!, sagen
sie, dein boot treibt fort. dein alter anker hält dich nicht
mehr fest. ist eine crew an bord, gib eine richtung aus

steh auf!, sagen die wellen, und hoch!, dein anker ist
los, dein boot treibt auf die klippen zu, jetzt musst du
segel setzen. jetzt musst du ans steuer, die ruhigen
wasser finden und einen hafen auch. verloren ist der
anker, ledig der last eines schiffes, das ihn nicht halten
kann. auf!, sagen die wellen, steh auf!, trommeln ihre
mahnung leise, ganz leise an den flachen bauch deines

schiffes. you have to go on and make sure what happens

 

foto: je jette l’encre pour toucher le fond
ich werfe den tintenanker, um den grund zu berühren
la seyne sur mer, 12. september 2019
 
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[ le rêve est arrivé à sa fin. der traum ist aus ]

Mai 9th, 2020

 

 

le rêve est arrivé à sa fin. tantôt, tu m’avais parlé. et
qui veux-tu dire, ai-je demandé. et là, une haute lune

argentée se dresse sur les pins endormis. les brisants
rapportent la musique et les rires d’un bateau. sous le
couvert de la nuit on célèbre la fin à venir du cachot

est-ce une solution? enchaîner, rien ne s’est passé?
tout ce qui est perdu et tous les perdus éclipser le
temps d’une grosse fête? espérer qu’on aura du bol
à nouveau, la prochaine fois, qui viendra sûrement?

qui se courbait aussi bas sans résistance, peut-il se
tenir debout désormais? peut-on vraiment déboucher
la bouteille, rire, danser, sans inventaire? dis-moi …
n’avons-nous pas tout perdu, depuis longtemps?

mes nuits sont un livre. chaque frayeur tourne une
page. et, je t’ai questionné, as-tu pensé à nous?

avant je trouvais la réponse au clair de lune qui déverse
son argent sur les pins endormis. à présent je me
réveille avec le coeur qui palpite et les mains endolories
accrochées à je ne sais quoi. le rêve est arrivé à sa fin

 
—–
 

der traum ist aus. du hattest mit mir gesprochen, eben
noch. wen meinst du eigentlich, so fragte ich. und dort

steht ein hoher mond silbern über den schlafenden
kiefern, mit der brandung wogt musik und gelächter
übers meer heran. im schutze der nacht feiert man
auf einem boot das kommende ende dieses kerkers

ist das eine lösung? einfach weitermachen, nichts
ist geschehen? alles, was verloren, alle verlorenen
mit einem grossen fest vergessen? hoffen, dass wir
weiter glück haben, beim sicheren nächsten mal?

wer sich ohne widerstand so tief gebeugt hat, kann
der aufrecht weiterleben? geht das, eine neue flasche
entkorken, lachen, tanzen, ohne inventur? du, sag
mir, haben wir vielleicht lange schon alles verloren?

meine nächte sind ein buch. jedes erschrecken schlägt
eine seite auf. und, fragte ich, hast du an uns gedacht?

früher fand ich antwort im licht des mondes, sein silber
ausgiessend über schlafende kiefern. nun erwache ich
klopfenden herzens, meine hände halten schmerzhaft
woran ich mich nicht erinnern kann. der traum ist aus

 

foto: dans la nuit
le pradet, 27. april 2020
 
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[ quand les culs viennent te voir pendant la nuit. wenn die ärsche dich nachts besuchen kommen ]

April 26th, 2020

 

 

la vie tourne en ronds et m’a laissé des couleurs qui
décorent mes nuits bariolées et vives. là, chacun que
j’ai jamais rencontré vient me voir comme un ami

parfois aussi les culs. hélas ! j’aurais été tracassé
hier. aujourd’hui, ma maison a des murs forts avec
fenêtres, portes, toutes ouvertes et pleine de vie

mais le jour je n’arrive pas à redonner les feuilles
aux arbres. personne ne peut ni ôter les mots de ton
livre, ni parvenir à modifier les faits vers ton propre
désir. ça ne colle pas. that doesn’t match. das passt

nicht. si la confiance est absente comme l’amour, il
n’y a pas de foyer. j’aurais été tracassé, hier. je
vis au paradis, maintenant, sans le ciel ni la terre

 
—–
 

das leben dreht sich im kreis, hat farben dagelassen
die meine nächte bunt und grell gestalten. da kommt
wer jemals mir begegnet war, als ein freund ins haus

manchmal auch die ärsche. leider. gestern noch wäre
ich beunruhigt. heute hat mein haus starke wände mit
fenstern, mit türen, alles ist weit geöffnet, voller leben

am tage jedoch kriege ich die blätter nicht zurück an
die bäume. niemand kann dein buch leer schreiben
und die dinge lassen sich nicht beliebig zu deinem
ende biegen. das passt nicht. that doesn’t match. ça

ne colle pas. wo vertrauen, ja, wo liebe fehlt, mangelt
es an heimat. gestern noch wäre ich beunruhigt. jetzt
wohne ich in einem paradies ohne himmel und erde

 

foto: quand les culs viennent te voir
wenn die ärsche dich besuchen kommen
la seyne sur mer, 23. september 2019
 
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[ ce qui se cache derrière les autres. was hinter den dingen verborgen ist ]

April 24th, 2020

 

 

il avait l’impression de se pencher dans le feu. d’empoigner. de
déchirer. de faire éclater sous la flamme et d’évacuer l’absurde
problème. s’il n’y a pas de solution, eh bien, il n’y a plus de
problème non plus. (…) toutes choses en leur temps. oui. temps
d’abattre et temps de bâtir. oui, temps de se taire et temps de
parler. oui, tout ça. mais quoi d’autre? quoi d’autre? quelque
chose? quelque chose?

de: „fahrenheit 451“, ray bradbury (1953)

 

soudain les anciennes questions sont posées de nouveau
quand ton monde est sur la tête. il vaut mieux connaître des
réponses. pas regarder fixement le feux jusqu’à la cendre

se mobiliser. être en vie. partir au lieu de caresser un faux
rêve. être fiable. allumer le contre-feu. avoir l’espoir. trouver
le but. trouver le temps. ce qui se cache derrière les autres

les détours que nous prenons pour nous aimer, tu ne les
trouves pas toi aussi étrange? je me souhaite ça différement. le
mal a eu son temps. sans cesse détruire ! désormais … bâtir ?

 
—–
 

er hatte den eindruck, sich ins feuer hineinzubeugen. es zu
packen und zu zerreissen. es unter der flamme zerplatzen
zu lassen und das absurde problem herauszuholen. wenn
es keine lösung mehr gibt, na gut, dann gibt es auch keine
probleme mehr. (…) alle dinge zu ihrer zeit. ja. die zeit zum
kämpfen und die zeit zum aufbauen. ja. zeit zu schweigen
und zeit zum reden. all das. aber was weiter? was weiter?
irgendwas? irgendwas?

aus: „fahrenheit 451“, ray bradbury (1953)

 

eine zeit, da schlagartig deine welt auf den kopf gestellt
ist, wirft alte fragen neu auf. besser, schon antworten zu
kennen. nicht ins feuer starren bis zur asche. handeln

präsent sein. weggehen statt wegwünschen. verlässlich
sein. ein gegenfeuer anzünden. hoffnung haben. ein ziel
finden, zeit. hinter allen dingen verbergen sich andere

findest du nicht auch, dass wir seltsame wege gehn, um
uns zu lieben? anders wäre mir lieber. ja, unser übel hatte
seine grosse zeit. so viel zerstören. ab jetzt … aufbauen?

 

foto: ce qui se cache derrière les autres
was hinter den dingen verborgen ist
le pradet, 24. april 2020
 
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[ une brandille de jasmin. ein zweig vom jasmin ]

April 20th, 2020

 

 

puis elle parut de se souvenir de quelque
chose, revint sur ses pas et posa sur lui
un regard plein d’étonnement et de curiosité.

„est-ce que vous-êtes heureux ?“ dit-elle. „est-ce
que je suis quoi ?“ s’écriat-il, mais elle était déjà
partie, courant dans le clair de lune

de: „fahrenheit 451“, ray bradbury (1953)

 

en réalité nos rôles sont changés. c’était moi, qui
t’interrogeai et toi, qui eut disparu. mais tu n’as
pas criéé, non, tu es restée calme et à présent la
lune noire est cachée derrière des nuées, d’où
ton silence gris s’impose pendant quelques jours

cette nuit, j’ai rompu une brandille de jasmin de
la haie de quelqu’un d’autre, m’ensorcelant de son
arôme d’avenir et de communauté, léger et difficile

ce matin, je l’ai jeté. naturellement il ne pouvait
pas tenir sa promesse. naturellement il n’en a
jamais fait. naturellement il exhalait cette odeur
familière, suintant la perte, évaporant la traîtrise
puant la vieillesse comme ces tristes fantômes
mortuaires, à la recherche de leur temps passé

 
—–
 

dann schien sie sich an etwas zu erinnern,
kam einige schritte zurück und betrachtete ihn
mit einem blick voller erstaunen und neugier.

„sind sie glücklich?“ fragte sie. „bin ich was?“
rief er aus, aber da war sie schon davon, im
mondlicht verschwunden

aus: „fahrenheit 451“, ray bradbury (1953)

 

in wirklichkeit sind unsre rollen verändert. ich, der
fragte, und du, die verschwunden ist. aber du bist
nicht laut geworden, nein, sondern still, und mein
schwarzer mond verbirgt sich hinter wolken, aus
denen seit tagen grau dein schweigen herabfällt

in jener nacht brach ich aus fremder hecke einen
zweig vom jasmin, mich betörend mit dem aroma
voll gemeinsamkeit und zukunft, leicht und schwer

heute morgen musste ich ihn wegwerfen. natürlich
konnte er sein versprechen nicht halten. natürlich
hatte er auch nie eines gegeben. natürlich stank er
enttäuschend altbekannt, unerträglich nach verlust
und nach verrat, so sauer stinkend wie trauernde
friedhofsgespenster auf der suche nach ihrer zeit

 

foto: une brandille de jasmin. ein zweig vom jasmin
le pradet, 17. april 2020
 
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[ errer dans la nuit. streifzug durch die nacht ]

April 18th, 2020

 

 

„du streifst durch die nacht wie’n flüchtling“

„ja, so ein bisschen. diese nächte haben
böse augen. ich tue gut daran, mich in
meinem eignen schatten zu verbergen.“

 
et je prends le chemin sûr, en gardant tes mots
dans le creux des mains, un écho, un trésor, un
secret, voire même une touche de ton amour

dans la grotte de la nuit tu m’allumes les feux

 
—–
 

„tu erre dans la nuit tel un fugitif“

„oui, c’est quelque peut comme ça. ces
nuits ont des yeux hostiles. j’ai intérèt
à me cacher dans ma propre ombre“

 
und ich nehme den sicheren weg, bewahre deine
worte in meinen hohlen händen, ein widerhall, ein
schatz, ein geheimnis, sogar ein hauch von liebe

in der höhle der nacht zündest du meine feuer an

 

foto: „tu erre dans la nuit tel un fugitif“
„du streifst durch die nacht wie’n flüchtling“
le pradet, 17. april 2020
 
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[ l’un de ces jours. einer jener tage ]

April 17th, 2020

 

 

aujourd’hui, c’est l’un de ces jours où je pouvais
taper le clavier par des orteils en avoir le même
échec. les phrases sont croisées, enfermées dans
ma tête tandis qu’il y a autant de choses à dire

au lieu de cela, je parle au téléphone tout le jour
„mes“ français emprisonnés ici et là, avec „mes“
allemands qui ne sont pas encore si emprisonnés

plus que prévu, écouter éternellement la même
lamentation quotidienne me corrode. et aussi
l’attente de nouvelles de ceux qui ne répondent
pas. cette incertitude consume mon intérieur …
 

d’être proche, c’est essentiel. la distance de sécurité
contre le confinement. l’échange. à chaque bouche
une oreille, un coeur. ton coeur, ton oreille, ta bouche

il y a les jours difficiles. le soir, je me sens bourré
et renversé. vidé. abandonné. puis je souhaite notre
retour au paradis de rêves, toi et moi, en tête à tête

oui, je veux t’avoir dans mon jardin, coude à coude
à table, dans mon lit. voilà tu lèves l’ancre, voilà tu
mets les voiles, voilà tu quittes ton port de sécurité
 

s’il te plaît, c’est un de ces jours où je pouvais taper
aussi mal que d’habitude avec mes orteils. elles sont
croisées dans la tête, les phrases. elles ne veulent pas
sortir. j’aurais aussi besoin de mots d’encouragement

 
—–
 

heute ist einer jener tage, an denen ich bei ebenso
grossem misserfolg auch mit meinen zehen tippen
könnte. die sätze sitzen quer im kopf, sie kommen
nicht heraus. dabei gäbe es doch so viel zu sagen

stattdessen telefoniere ich seit tagen stundenlang
mit „meinen“ eingesperrten franzosen hier und dort
mit „meinen“ noch nicht so eingesperrten deutschen

täglich das gleiche jammern über immer gleiches
anzuhören, greift mich mehr an als erwartet und
das warten auf nachricht von denen, die sich nicht
melden. die ungewissheit frisst mich von innen auf …
 

sich nah zu sein ist jetzt gefordert. der sichere kontakt
gegen die gebote der vereinzelung. austausch. jedem
mund ein ohr, ein herz. dein herz, dein ohr, dein mund

doch gibt es die schweren tage. abends fühle ich mich
übervoll. ausgeleert. ausgeschüttet. allein gelassen. da
wünsch ich dir und mir mein gedankenparadies zurück

dann will ich dich in meinem garten haben, an meinem
tisch, in meinem bett. da lichtest du anker, da ziehst du
die segel auf, da lässt du hinter dir den sicheren hafen
 

bitte entschuldige. heute ist einer dieser tage, an denen
ich genauso schlecht wie sonst mit meinen zehen tippen
könnte. die sätze sitzen quer in meinem kopf, sie wollen
nicht heraus. auch ich brauchte worte der ermutigung

 

foto: zehnzehenschreiben
méthode podiographique
le pradet, 16. april 2020
 
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[ bien sûr, tu pourrais. natürlich könntest du ]

April 13th, 2020

 

 

bien sûr, tu pourrais te cacher, maintenant

bien sûr, tu peux te cacher, maintenant, au
sein de la famille, dans ton biotope. dans
l’environnement protégeant que tu as créé
avec l’habileté et amour. bien sûr, tu peux
te dévouer au grand calme, qui s’est produit
à l’extérieur, cette paix, qui se lisait dans
les livres, qui t’était racontée et qui t’as
donné tes rêves jusqu’à aujourd’hui. bien
sûr, la distraction inscite ces choses, qui
ont eu la proie d’une vitesse vorace

vertigineuse. comme ton temps est passé

comme ton temps s’écoulait sans aucune
trace. alors qu’il s’agissait de rafler le fric
pour la chose toujours urgente, toujours
nouvelle. tout à fait !, c’était difficile, de ne
pas échapper à ce piège. tu as realisé que
ce calme qui reigne en dehors a fait des
sacrifiés. bien sûr, tu sais, que cette paix
est fausse. et bien sûr, tu sais qu’il vaut
mieux conduire soi-même qu’être dirigé

bien sûr, tu es concient de l’actualité de la
question, qui dirige et qui est „chau(d)ffeur“
donc qui est le chauffeur. qui est celui qui
met le feu au foyer, que la grande machine
démarre, que la machine reste en marche …
pour que ceux qui dirigent, soient conduits

bien sûr, je me pose aussi la question, si
– combien de temps ? – je suis utilisé comme
outil ou comme jouet. bien sûr, j’ai aussi
peur de cette réponse. bien sûr, que je ne
me cache pas au foyer tranquille. mais non !

pour ceux, qui chauffent, là se justifie où
se trouve leur foyer. si quelque chose s’est
mis en branle, demain, ou brûlera … bien
sûr, ce sont les chauffeurs qui décideront

 
—–
 

natürlich könntest du dich jetzt zurückziehen

natürlich kannst du dich zurückziehen in den
schoss der familie, in deinen biotop. in das
schützende umfeld, aufgebaut mit geschick
und mit liebe. natürlich kannst du dich jetzt
der grossen ruhe hingeben, die draussen
eingesetzt hat, diesem frieden, von dem in
büchern zu lesen war, von dem dir erzählt
wurde und der dir träume gab. natürlich
verlockt die abzulenkung mit dem, was der
steigenden geschwindigkeit gefrässig zum

opfer fiel. so, wie dir deine zeit verronnen ist

so, wie deine zeit dir weggeronnen ist ohne
spur. während es nur noch darum ging, kohle
ranzuschaffen für immer dringendes, immer
neues. ja, es war schwer in diese falle nicht
hinein zu tappen. dir ist auch klar, dass diese
stille da draussen nicht ohne opfer zu kriegen
war. natürlich weisst du, dass dies der falsche
friede ist. und natürlich weisst du, dass man
besser selber lenkt, als hingelenkt zu werden

natürlich weisst du heute um die dringlichkeit
der frage, wer lenkt, wer „schofför“, also wer
der heizer ist. wer einer der menschen ist, die
das feuer an die kohlen legen, dass die grosse
maschine läuft, dass die maschine am laufen
bleibt. dass jene, die lenken, gefahren werden

natürlich stelle auch ich mir jetzt die frage, ob
ich – wie lange schon? – nur werkzeug bin, nur
spielzeug, nur gebrauch. natürlich habe auch
ich angst vor einer antwort. natürlich ziehe ich
mich nicht in den stillen schoss zurück. nein!

für jene, die heizen, begründet diese antwort
doch, wohin sie ihre feuer tragen. ob morgen
etwas ans laufen kommt oder verbrennt … wie
sie handeln, entscheiden natürlich die heizer

 

foto: bien sûr, tu pourrais
centrale nucléaire tricastin, 04. januar 2020
 
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[ comme si c’était mon été. als wäre dies mein sommer ]

April 12th, 2020

 

 

regarde, je me dis, cette image, cette couleur, cet
instant, le seul moment où le coeur, l’oreille peut
se calmer, un regard en dehors à travers la fente, à
travers les clôtures et par-dessus tous les murs. puis:
tranquilité. calme. pour un instant, silence. face de
l’ampleur inquiétante, trouver l’excuse dans le plus
petit, pour ne pas … quoi dire sans mensonge, sans
camouflage. sans essayer de dévier. changement
de la direction. début, fin, un cercle, toujours de
nouveau. ressentir plus prôche du soleil à restant
au plus loin de cela que je veux croire, insaisissable
loin dans l’univers. tout cela, qui s’épanouissait
comme un premier départ. les mots se rejoignent
en réveillant, filme sans tonalité. la première tasse
de café, l’inventaire de possibilités. me cacher
dans ce que j’ai fait hier, avant-hier, ce que je ferai
demain. des petites fuites. me perdre dans une
image, sans perdre. m’exposer la peau au soleil
qui était tombée dedans, juste pour un instant, à
travers cette fente, comme si c’était mon été

 
—–
 

schau, sage ich mir, dieses bild, diese farbe, dieser
augenblick, der eine moment, in dem dein herz sich
ausruhen kann und das ohr, einen blick durch den
spalt nach draussen, durch die zäune und über alle
mauern hinweg. stille. ruhe. für einen augenblick
schweigen. vor dem beunruhigenden grossen im
allerkleinsten meine ausrede finden, um nicht. was
kann ich sagen ohne lüge. täuschung. versuch der
ablenkung. ändern der richtung. anfang, ende, ein
kreis, immer wieder neu. der sonne am nächsten
fühlend, am weitesten entfernt. unnachfühlbar weit
im universum entfernt von dem, was ich glauben
will. was aufblühte wie ein anfang. im erwachen
fügen sich worte zusammen, film ohne bild. erster
kaffee, inventur der möglichkeiten. hineinretten
in das, was ich gestern tat, vorgestern, morgen
tun werde. kleine fluchten. mich in einem bild
verlieren ohne zu verlieren. meine haut der sonne
preisgeben, die für den augenblick durch diesen
spalt hineingefallen war, als wäre dies mein sommer

 

foto: l’acacia. mimose
le pradet, 11. april 2020
 
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[ with a little help from my friends ]

April 10th, 2020

 

 

„… et qu’est-ce qui se passe là-bas, chez toi?“
 

répondre „oui, ça va merveilleux“ ou simplement „oui, je suis
content“ serait bien macabre, compte tenu de la situation °, ou
franchement: la situation dans ce pays qui s’effondre. mais …

hier, j’ai écrit la première lettre de candidature de ma vie en
français. ça ne marchait pas mal. un sentiment d’être arrivé

alors hier soir, à 20h, j’ai souhaité cette version de cocker
„with a little help from my friends“. pour ainsi dire „merci !“
à tous mes amis pour une telle vie – en totale – heureuse

 
—–
 

„… und wie schaut es jetzt bei dir da unten aus?“
 

„hervorragend schaut es aus“ oder schlicht „ich bin glücklich“
zu antworten wäre makaber, angesichts dieser lage °, enger
gefasst: der lage in diesem kaputt gehenden land. und doch …

gestern schrieb ich die erste bewerbung meines lebens auf
französisch. es fiel mir leicht. fühlt sich an wie angekommen

so wünschte ich mir gestern abend, 20 uhr, cocker’s version
von „with a little help from my friends“. als dank an all meine
freunde für ein – im ganzen – so glücklich verlaufenes leben

 

foto: ferula communis
la garde, 09. april 2019

 
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[ trajectoire de collision. gefährliche begegnung ]

April 8th, 2020

 

 

aujourd’hui, j’ai été attiré par la mer. juste un peu plus près
pour jeter un coup d’oeil, puis soudain j’étais sur le chemin
habituel, sur mon sentier de la plage, plus d’arrêt possible

il fallait que je voie ma plage, ma mer. à travers la cime
des arbres, la vue s’élargit dans le bleue. plus en bas, la
plage deserte. ma mer sans vague, une seule invitation

plus loin sur la mer, la canonnière tourne vers le rivage
et prend visiblement de la vitesse. je pivote sur les talons
pour y retourner. en descendant, un homme s’approche

peut-on visiter la plage sans danger ? je demande. il parle
des uniformes, des patrouilles dans les baies. en labourant
la mer, la canonnière nous avertit par des fortes sirènes

en haut, sur la colline, hors de la vue, nous, on prend la
liberté et le temps. on parle sur la france avant et pendant
cette crise, dont les pauvres et les plus agés vont mourir

je pleure pour mon pays, dit-il. je suis d’accord avec lui …
ce paradis imaginé est également disparu, a transformé en
piège; échoué, je suis bloqué dans une région de guerre

il va de soi, qu’on se serrt la main en guise d’adieux
que je ramène à la maison, devant moi, pressé, comme
pour sauver la glace fondant dans la chaleur de l’été

 
—–
 

heute zog es mich ans meer. nur ein stück näher um einen
blick zu werfen, dann war ich plötzlich auf dem gewohnten
weg, auf dem pfad zum strand, kein anhalten mehr möglich

ich musste meinen strand sehen, mein meer. durch kronen
der bäume weitete sich der blick ins blau. unten verlassen
der strand, mein meer ohne wellen eine einzige einladung

weiter draussen wendet das kanonenboot aufs ufer zu und
nimmt sichtbar fahrt auf. ich drehe auf dem absatz, um
zurückzukehren. den berg herab nähert sich ein mann

kann man gefahrlos an den strand, frage ich? er spricht
von uniformen, von patrouillen in den buchten. das meer
pflügend, warnt uns das kanonenboot mit lauten sirenen

oben am berg, ausser sichtweite, nehmen wir uns freiheit
und zeit. sprechen über frankreich vor und während dieser
krise. davon, dass die armen sterben werden und die alten

ich trauere um mein land, sagt er. ich stimme ihm zu …
auch mir ist mein paradies verloren gegangen, hat sich zur
falle gewandelt; bin hier gestrandet in einem kriegsgebiet

ganz selbstverständlich geben wir uns zum abschied die
hand. die ich nachhause eilend vor mir her trage, wie um
schmelzendes eis zu retten, in der hitze des sommers

 

foto: der strand von monaco, verwaist und überwacht
la plage du monaco, deserte et surveillée
le pradet, 08. april 2020
 
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[ bricoler. heimwerkeln ]

April 7th, 2020

 

 

pendant que je suis assis dans ce jardin de la taille
d’une serviette (quel luxe !) en travaillant de nouvelles
traductions, une briquet tombe du mur juste à côté de
moi. le trou s’agrandit: une fenêtre est créée. le voisin
d’à côté coupe sa haie jusqu’aux genoux. la famille
en face semble vivre sur la terrasse jour et nuit. ton
quartier se rapproche de toi, que tu le voulais ou non
… on frappe et on scie et on change les couches dans
tout le pays, en criant, et peut-être, ton salut amicale
se trouve sa réponse masquée de l’autre côté de la rue

on bricole au domicile et aux relations. c’est le
couple non couronné qui sait combiner les deux

 
—–
 

während ich im handtuchgrossen garten sitze (welch
ein luxus!) und an neuen übersetzungen arbeite, fällt
direkt neben mir ein ziegel aus der wand. das loch
wird grösser: ein fenster entsteht. der nachbar von
nebenan schneidet seine hecke knietief. die familie
gegenüber scheint inzwischen tag und nacht auf
ihrer terrasse zu wohnen. deine nachbarschaft rückt
dir näher, ob du willst oder nicht … es klopft und sägt
und wechselt brüllend alte windeln im ganzen land
und hinter einer maske findet dein freundlicher gruss
vielleicht seine antwort auf der anderen strassenseite

man bastelt am heim und an den beziehungen. ein
ungekröntes paar, das beides zu verbinden weiss

 

foto: une fenêtre est créée. ein fenster entsteht
le pradet, 07. april 2020
 
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[ pas d’accès. kein zugang ]

April 6th, 2020

 

 

en fait, je voulais t’envoyer une bouteille à la mer comme toujours
quand l’envie est aussi grande qu’aujourd’hui. mais: accès interdit !

réveillé dans la nuit par un bourdonnement grossant. enfant
de la génération de mes parents, j’ai ressenti un sentiment de
danger. tanks approchants. hélicoptères. simultanément, le
vrombissement était loin et proche. canonnières. je me suis

rendormi. le matin, il n’y a qu’un seul bateau, qui est ancré. il me
semble identique aux navires, qui aspirent des pierres au fond de
la mer pour prolonger la ville de monaco vers la mer. pas de petit
crime contre l’environnement, qui ne dérange personne, ici. ce
que j’ai appris par hasard, car l’été dernier, de fort grognement
m’ont réveillé, dans le port de la seyne. alors … tout déjà vue

quand ils se sont situé ici, je m’appaise, ils ne remblayent plus
devant monaco, pendant cette période des frontières du corona
… mais ici, ils remblayent les miniscules restes de la liberté et
pour le rendre durable, la croyance en cette dernière. déjà fou !

donc, je ne peux plus descendre à la mer, car la sortie de cette
grande prison est bloquée pour tout le monde. tous confiné

nous allons passer. inséparable, on se trouvera. déjà prouvé

 
—–
 

eigentlich wollte ich dir eine flaschenpost schicken, wie immer
wenn die sehnsucht so gross ist wie heute. aber: accès interdit !

in der nacht geweckt durch ein lauter werdendes brummen. ein
kind der generation meiner eltern, verspürte ich ein gefühl von
gefahr. heranrollende panzer. hubschrauber. das dröhnen blieb
gleichsam fern und nah. kanonenboote. ich schlief wieder ein

am morgen aber liegt nur ein schiff vor anker. es gleicht jenen
förderbooten, die steine vom meeresgrund saugen, um vor der
uferlinie monacos neuen baugrund aufzuschütten. ein kleines
verbrechen an der ökologie, das hier niemanden aufregt. von
dem ich zufällig erfuhr, weil im letzte sommer am hafen von la
seyne lautes brummen mich weckte. also alles schon mal gesehn

wenn sie hier liegen, beruhige ich mich, schütten sie in der zeit
der corona-grenzen vielleicht nicht weiter in monaco auf … hier
aber verschütten sie die winzigen reste unserer freiheit und um es
nachhaltig zu machen, den letzten glauben daran. schon verrückt!

ich komme also nicht mehr runter ans meer, allen ist der ausgang
versperrt, aus diesem grossen gefängnis. alle sind eingesperrt

wir kommen durch. untrennbar finden wir uns. schon bewiesen

 

foto: accès interdit. zugang verboten
le pradet, 03. april 2020
 
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[ points de vue. ansichtssachen ]

April 5th, 2020

 

 

une personne bien intentionnée m’a gentillement conseillé
de m’abstenir des „ruptures difficiles“. c’est-à-dire la fin de la
ligne qui est – en général – fixée dans mes nouveaux textes

je lui ai dit: mets ton portable en mode „bureau“. mes textes
ont une taille particulière et cette taille appartient au texte

dit-il, que c’était trop compliqué et il y aurait des régles que
l’exploitant de site doit suivre. et ainsi de suite. il a fait des
allers et retours et à la fin il me semblait vexé: „fin + quit“

 
si l’un ou l’une de vous ressent la même, écoutez bien, car
je fais comprendre ma chose finalement, pour tout le monde:
 
c’est un blog littéraire. vous n’êtes pas sur la page d’info
du gouvernement ou sur l’un des magazine facile à lire. il
y a un chemin particulier. ici, c’est peint avec les mots. ici
chaque trait et chaque point a un sens, un paysage, une
mélodie. et si vous ne voulez pas ou vous ne pouvez pas
utiliser votre mobile de telle sorte, que votre fin de la
ligne est située à la fin de la mienne, alors vous avez un
problème. c’est juste si vous n’enlèvez pas vos lunettes au
cinéma ou juste si vous ne sortez pas les écouteurs des
oreilles ou l’appareil de la merde dentaire pour baiser

vous pouvez faire tout cela, naturellement, parce que vous
vous trouvez telllllement extraordinaire. oui, je m’en fiche:
faites-le. restez tels comme vous êtes habituellement. mais …
 
… dans cet hôtel gratuit vous faites votre propre tartine
petit déjeuner. ici, il n’a y pas de saucisse dans le frigo
et dans toute la maison vous ne trouverez pas de porno
la nuit. quand vous vous réveillerez le matin, vos caleçons
sales ne seront pas lavés et ils ne seront pas repassés !

 
tout est-il règlé avec nos vues, maintenant? alors, je vous
souhaite un voyage passionnant à travers mon blog. si
vous le préférez plus simple, il vaut mieux que vous soyez
sortis maintenant. mais, s’il vous plaît, ne pleurez pas
sur moi, comme vous ne vous débrouillez pas avec votre
dernier smartphone, espèce d’idiot, car je m’en fous !

 
—–
 

es hat sich ein gutmeinender bei mir gemeldet und freundlich
geraten, ich solle auf „die harten unbrüche“ verzichten. also
auf das zeilenende, das bei meinen texten fest vorgegeben ist

hab ich ihm geantwortet: stell dein handy auf „desktop-ansicht“
um. meine texte haben eine form und die form gehört zum text

sagt er, das sei zu kompliziert und es gäbe regeln, an die man
sich als seitenbetreiber zu halten habe. und so weiter. es ging
’ne weile hin und her, am ende schien er beleidigt: „ende + out“

 
falls irgendeine/r von euch das ähnlich sieht, dann höre er/sie
jetzt gut zu, denn ich mache mein ding endgültig für alle klar:
 
dies ist ein literarischer blog. du bist hier nicht auf der infoseite
deiner regierung oder einer der leicht lesbaren magazine. hier
gehst du einen weg. hier ist mit worten gemalt. hier macht jeder
strich, jeder punkt einen sinn, eine landschaft, eine melodie. und
wenn du nicht willens oder in der lage bist, dein smartphone so
zu nutzen, dass dein zeilenende am ende meiner zeile liegt, dann
hast du ein problem. so wie du ein problem hast, wenn du im
kino deine sonnenbrille nicht abnimmst, deine ohrstecker nicht
raus- und beim küssen deine verdammte zahnspange drinlässt!

all das kannst du natürlich tun, weil du dich waaahnsinnig geil
findest. von mir aus: mach das. bleib wie du immer bist. aber …
 
… in diesem gratishotel schmierst du dir deine frühstücksstulle
selbst. hier liegt keine wurst im kühli. im ganzen haus findest
du keinen porno zur nacht und wenn du morgen früh aufwachst
sind deine dreckigen unterhosen nicht gewaschen und gebügelt!

 
ist jetzt alles geklärt, mit unseren ansichten? dann wünsche ich
dir eine spannende reise durch meinen webblog. hast du’s lieber
schlichter, solltest du besser längst wieder gegangen sein. aber
heul mich nicht voll, weil du mit deinem neusten smartphone nicht
klar kommst, du depp, denn mich interessiert das nicht die bohne!

 

foto: ansichtsache °
le pradet, 05. april 2020

 
°  note à l’inconnu / hinweis an unbekannt:
„entschuldige bitte!“ und „danke!“ für diese satire. ich mag dich trotzdem
„désolé !“ et aussi „merci !“ pour ce texte satirique. je t’aime toujours

 
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[ trier. mülltrennen ]

April 4th, 2020

 

 

en allemagne, le taux de mortalité continue d’augmenter
lentement. la stratégie de retardement de l’infection du
gouvernement porte ses fruits. comme prévu, ce sont
principalement les plus agés qui meurent dans leurs
maisons de retraite et de soins à moins qu’ils n’aient pas
accés l’un des rares respirateurs. pour ceux, qui s’étouffent
lentement, leur pays d’origine dispose une solution bon
marché: la morphine. comme les drogues rendent la vie
belle en privé et maintenant officiellement aussi la mort

qu’est-ce qui compte, lorsque l’air s’épuise? qu’est-ce
qui pèsera le plus pour être en mesure de survivre?
l’âge, l’origine, le sexe et la position sociale, le poids
politique ou simplement l’argent? les copains? la corde?
un appel d’urgence aux membres du même parti et …?

personne ne demande aux anciens eux-mêmes, quel
dernier adieu ils ont souhaité, s’il était vraiment venu?
et cette réponse humaine, peut-elle peser contre les
arguments importants d’un état à vocation économique?

l’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté la terre de
ma naissance: si il s’agit de l’humanité, je ne lui fais pas
confiance. mais après tout … l’humanité ! il faut qu’on
abime ce mot du vocabulaire. le pays montre sa nouvelle
orientation et sa nouvelle logique de l’utilisation par
des miracles linguistiques fous: „culture allemande de
référence“, „capital humain“ et „période d’accoutumance
de pauvreté“. honteusement, nous étendons le verbe
à la mode „trier“ du niveau actuel de signification:

vieux, pauvre, déchet? peut aller !

 
—–
 

in deutschland steigt die sterbezahl noch langsam. die
taktik der regierung zur verzögerten ansteckung zeigt
erste erfolge. wie erwartet, sterben vor allem die alten. in
alten- und pflegeheimen, sofern sie nicht einen der zu
wenigen beatmungsplätze ergattern können. für die
langsam erstickenden hält ihre sparsame heimat eine
billige lösung bereit: morphium. denn drogen machen
privat das leben schön, amtlicherseits auch das sterben

was zählt, wenn die luft knapp wird? was wird dann mehr
wiegen, um überleben zu dürfen? alter, herkunft, geschlecht
und soziale stellung, politisches gewicht oder einfach geld?
kumpanei? seilschaft? ein anruf bei den genossen und …?

fragt niemand die alten selbst, welchen abschied sie sich
wünschten, ist er wirklich unausweichlich geworden? und
kann die menschliche antwort gewicht haben gegen die
argumente eines an der wirtschaft ausgerichteten staates?

einer der gründe, warum ich das land meiner geburt
verliess: geht es um menschlichkeit, traue ich ihm nicht
über den weg. und überhaupt … menschlichkeit! dieses
wort gehört aus dem sprachschatz herausgestrichen. das
land zeigt mit irren sprachwundern seine neue ausrichtung
und verwertungslogik: „deutsche leitkultur“, „humankapital“
und „armutsgewöhnungsgrenze“. voll scham erweitern wir
den modebegriff „mülltrennen“ um die aktuelle bedeutung:

alt, arm, ausrangiert? kann weg!

 

foto: trier. mülltrennen °
le pradet, 05. april 2020

°  note / hinweis:
das foto wurde gestellt. der hase war einverstanden
la photo a été fourni. le lapin était d’accord

 
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[ la liberté et les pieds nus. die freiheit und die nackten füsse ]

März 29th, 2020

 

 

avec un saut sur le côté et en me baissant, je me sauve
d’un contrôle. les deux flics qui passent, regardaient dans
la mauvaise direction. voilà, cela c’est encore bien passé

au bas de la colline, un couple agé vient vers moi et nous
nous saluons amicalement au loin d’un côté de la rue

quoi? me demande l’homme à moitié horrifié, à moitié excité
et me montre mes jambes. oui, je réponds, la liberté, c’est
de la merde, mais on peut la trouver toujours aux pieds nus

 
il y a quelques jours, juste après le dernier resserrement du
couvre-feu, nous sommes disputés sur la question de savoir
si je pouvais emmener un enfant pour faire des courses, sans
être son père. nous sommes en danger, que le virus d’état
nous a fait craquer. si nous abandonnons l’évidence sans
nous battre et volontairement, nous avons déja perdus

ps:
quand j’écris ceci et j’essaie de trouver les bon mots pour
la traduction, nous préparons une playlist avec ces chansons
que nous voulons faire passer du balcon au quartier les soirs
suivants, à partir de 20h. dès que j’aurai fini ici, j’essaierai
de me faufiler dans ma grotte à l’abri dans l’obscurité, sans
être vu de trois caméras de surveillance. aujourd’hui, une
vie clandestine est beaucoup plus difficile qu’auparavant

 
—–
 

mit einem sprung zur seite und tief wegduckend rette ich
mich vor einer kontrolle. die zwei vorbeifahrenden bullen
schauten in die falsche richtung. nochmal gut gegangen

unten am berg kommt mir ein älteres paar entgegen und
wir grüssen uns freundlich im abstand einer strassenseite

„was?“ fragt der mann halb entsetzt, halb begeistert und
deutet auf meine beine. „ja“, sage ich, „der freiheit geht’s
beschissen, aber barfuss, da kann man sie noch finden“

 
vor wenigen tagen, gerade nach der letzten verschärfung
der ausgangssperre, stritten wir über der frage, ob ich ein
kind mit zum einkaufen nehmen kann, wenn ich nicht der
vater bin. wir laufen bereits gefahr, dass dieser staatsvirus
uns klein kriegt; wenn wir das selbstverständliche kampflos
und freiwillig aufgeben, dann haben wir schon verloren

ps:
während ich dies schreibe und mich bemühe, die richtigen
worte für die übersetzung zu finden, stellen wir eine playlist
zusammen mit jene chansons, die wir an den kommenden
abenden ab 20 uhr vom balkon aus in unser viertel herunter
klingen lassen wollen. sobald ich hier fertig bin, werde ich
im schutz der dunkelheit an drei kameras vorbei ungesehen
zu meiner höhle zurückzuschleichen versuchen. heutzutage
ist klandestines leben weit schwieriger, als schon gewohnt

 

foto: la liberté et les pieds nus
die freiheit und die nackten füsse
le pradet, 29. märz 2020
 
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